Rencontre médecins radiologues - patients

Interview de Louis Boyer, Président du Conseil National Professionnel de Radiologie (G4) - Propos recueillis par Laurence Rocher
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L Rocher

Laurence Rocher : À l’ère de la téléradiologie et de l’IA, quel avenir pour la « radiologie clinique » ?

Louis Boyer : La radiologie est une activité clinique ! La communication, tant avec le médecin correspondant qu’avec le patient, est incontournable.

L'analyse de la demande d'examen et la rencontre préalable du patient constituent le premier temps de l'examen radiologique ; le second est sa réalisation technique et le troisième l'analyse des images, alors que le quatrième est la restitution des résultats, au patient et au correspondant. Nous prenons soin d'êtres humains qui ont le droit d'être informés, rassurés, éclairés.

L'IA contribue à une meilleure organisation des soins et peut apporter une aide au diagnostic. Mais le radiologue doit toujours signer le compte rendu et engager sa responsabilité.

La téléradiologie est un moyen permettant d'obtenir un second avis (télé-expertise); en télédiagnostic, elle peut contribuer à mutualiser la Permanence Des Soins radiologiques pour faire face à des difficultés de démographie médicale radiologique. Mais il est très souhaitable que la Charte de Téléradiologie du Conseil National de l'Ordre des Médecins et du G4 puisse devenir opposable pour limiter l'utilisation abusive de cette modalité, qui supprime le contact médecin radiologue-patient et ne permet pas une pertinence optimale.

Comment faire une « sélection » des patients pour lesquels un entretien pré ou post examen est nécessaire ?

Le dialogue patient-radiologue préalable à l'examen radiologique conditionne la qualité de cet examen, en resituant clairement son motif et son contexte. Le résultat de l'examen conditionne la durée de l'entretien qui le suit : la radiologie est une activité clinique qui repose sur ce dialogue patient-radiologue. Et communiquer un résultat normal peut être rapide mais demeure indispensable.

Quels outils sont utiles pour que les informations transmises au patient soient connues des autres correspondants ?

Avec le volet radiologique du SEGUR numérique a été mise en place la transmission dématérialisée du Compte Rendu vers le Dossier Médical Patient auquel ont accès le médecin correspondant demandeur de l’examen, et éventuellement d'autres médecins ultérieurement. Cette dématérialisation du CR simplifie et accélère la transmission des résultats. A défaut, un courrier postal classique reste utile. Et dans les cas difficiles, il peut être nécessaire de contacter le correspondant demandeur par téléphone.

La deuxième phase du SEGUR numérique de la radiologie consistera à permettre au correspondant de prendre connaissance des images.

Nous sommes également très impatients de la troisième étape : rédaction dématérialisée de la demande d'examen par le médecin demandeur, qui ainsi sera plus complète et autorisera une meilleure pertinence.

La règle « je ne m'occupe pas de mes proches mais je les confie à d'autres » est-elle toujours d'actualité ?

A mon sens chaque fois que cela est possible, il est préférable de confier ses proches aux bons soins d’un confrère : la charge affective peut impacter une démarche diagnostique et/ou thérapeutique concernant un proche, trop de subjectivité pouvant être perturbant. A éviter chaque fois que possible à mon avis !

Quel lieu pour recevoir les patients ?

Chaque fois qu'il est possible d'organiser ses espaces de travail, il est très souhaitable que soit aménagé un (petit) local d'annonce clos, attenant à la salle d'attente et/ou la salle d'examen. Ainsi, le temps de restitution des résultats au patient (et éventuellement à ses proches) pourra se faire calmement, en toute discrétion, autorisant les questions du patient, et pouvant s'intégrer au mieux dans le flux de la consultation du radiologue.

Dans la pratique, au scanner comment je fais ?

Dans notre service, nous avons pu mettre en place un local d'annonce à proximité de chaque modalité d'imagerie en coupes TDM ou IRM et des salles d’attente, permettant un entretien systématique patient-radiologue au décours de chaque examen, et préalablement chaque fois qu'une situation délicate l'exige.