Remote scanning en IRM : perspectives internationales
Déployée dans plusieurs pays, cette pratique – forme de téléopération – permet à un MERM expérimenté de piloter à distance un examen IRM, avec l’aide d’un opérateur local. Cet article fait le point sur les enjeux professionnels, techniques et éthiques de cette évolution.
La pénurie de MERM, combinée à une demande croissante en IRM, impose des réorganisations profondes. Le remote scanning, forme émergente de téléopération, pourrait offrir une solution durable. Contrairement à la téléradiologie, centrée sur l’interprétation à distance, le remote scanning permet le pilotage technique d’un examen depuis un autre site, ouvrant de nouvelles perspectives d'organisation.
Définition et principes
Le remote scanning consiste à contrôler un examen IRM à distance via une interface sécurisée. Le MERM distant ajuste les paramètres, lance les séquences et peut superviser plusieurs scanners, tout en restant connecté à l’opérateur local par vidéo et audio. Celui-ci assure l’accueil, le positionnement et l’assistance au patient. Cette répartition des tâches permet de mutualiser les expertises tout en maintenant la sécurité du patient (1–3).

Source : adapté et traduit de Deistung et al., 2024.
Enjeux professionnels
Le remote scanning répond à plusieurs défis : Assurer la continuité des soins dans des zones sous-dotées, Partager l’expertise de MERM expérimentés, Former à distance les nouveaux professionnels.
Cependant, son acceptabilité reste variable. Une étude britannique menée auprès de radiographers IRM montre que si l’ergonomie du système est globalement bien évaluée, la volonté de l’utiliser dépend surtout de la perception de son utilité clinique. Celle-ci reste limitée si le gain en performance n’est pas évident dans la pratique quotidienne (1).
Au Canada, des pilotes en cours révèlent que les MERM expérimentés peuvent accompagner leurs collègues à distance dans l’ajustement des protocoles ou le post-traitement, mais que les questions de communication, de confiance et de responsabilité restent cruciales (3). En Allemagne, des équipes alertent sur les risques de surcharge cognitive et de dilution des rôles professionnels si la coordination n’est pas strictement encadrée (2).
Cadre réglementaire et conditions de mise en œuvre
L’Allemagne propose déjà une structuration du remote scanning : binôme opérateur local / opérateur distant, protocoles standardisés, implication obligatoire des équipes locales de sécurité des systèmes d’information, et définition claire des responsabilités médicales (2). Au Canada, le remote scanning est en phase pilote en IRM mobile et en tomodensitométrie. Il fait l’objet d’un encadrement progressif par les autorités provinciales et les associations professionnelles (3).
Conclusion
Le remote scanning ne remplace pas le MERM : il redistribue son action. En valorisant les compétences expertes à distance tout en assurant une présence locale, il propose un modèle hybride, flexible, et potentiellement plus résilient. Sa mise en œuvre doit être encadrée, accompagnée, et pensée avec les MERM comme acteurs principaux.
Bibliographie
1. Hudson D, Sahibbil JP. Remote scanning support in magnetic resonance imaging: Friend or foe? Radiography. 2022 Aug;28(3):739–745.
https://doi.org/10.1016/j.radi.2022.03.010
2. Deistung A, Gussew A, Schneider J, et al. Remote operation of cross-sectional imaging devices as a new form of teleoperation: Structural, technical, regulatory, and qualification aspects in Germany. Fortschr Röntgenstr. 2024 Sept;196(9):928–938.
https://doi.org/10.1055/a-2232-2907
3. Canadian Agency for Drugs and Technologies in Health (CADTH). Virtual Remote Imaging Services: CT and MRI Scanning. Health Technology Review. 2025 Mar;5(3):1–16.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK613809/pdf/Bookshelf_NBK613809.pdf
Benoit BILLEBAULT
Enseignant spécialisé en radiologie, École de technologie médicale en radiologie Centre hospitalier universitaire de Münster (UKM) 48149 Münster, Allemagne.