Traumatisme grave chez l’enfant : body ou pas body ?

Nous étions réunis le dimanche 5 octobre aux JFR pour une session présentée par le Pr Kathia CHAUMOITRE, Dr Alexia DABADIE, et Dr Loïc VIREMOUNEIX sur les particularités du traumatisme grave chez l'enfant.
La salle était remplie de grands enfants prêts à en apprendre plus sur le sujet malgré la fin de journée !
Cette présentation vivante nous a permis de nous mettre en condition réelles avec de nombreux cas pour nous dévoiler de manière pétillante les spécificités de l'imagerie pédiatrique.
Voici un résumé des points forts qui va sûrement vous donner envie de visionner la rediffusion.
Pour commencer Dr DABADIE nous a fixé les idées sur les indications de l'imagerie dans le but d’explorer moins et mieux les traumatismes graves de l'enfant.
Pour sursoir à la réalisation d’un bodyscanner systématique, un algorithme est en cours de développement pour proposer la réalisation de scanners sélectifs en fonction des lésions cliniques pré-imagerie, de la présence d’un épanchement péritonéal et de l’élévation des ASAT plutôt que de se fier uniquement au mécanisme du traumatisme et aux critères de Vittel.
Il n’est pas judicieux de faire des acquisitions multiphasiques, ou de réaliser un temps sans injection.
Il faut privilégier le protocole SPLIT qui permet de faire une seule acquisition et d’avoir des informations vasculaires et parenchymateuses. Une aide à la réalisation technique du protocole SPLIT adapté au poids de l’enfant est disponible en ligne (Calculadora doble embolada contraste pediatría - Google Sheets).
Ensuite le Pr CHAUMOITRE nous a présenté des cas concrets de traumatismes thoraco-abdominaux avec les indications ciblées d’imagerie.
Dans les traumatismes thoraciques :
La radiographie du thorax reste l’examen de première intention.
Le scanner est indiqué si suspicion de lésion grave ou discordance clinique/radio.
La fast écho est utile et sensible pour les épanchements pleuraux.
Red flag : un volet costal chez le tout petit doit nous faire suspecter une maltraitance.
Dans les traumatismes abdominaux (plus fréquents) :
La FAST écho est l’examen de première intention qui doit être accompagnée d’une exploration plus approfondie (sonde convexe, linéaire haute fréquence et doppler couleur).
Après une échographie abdominale normale si la clinique est rassurante : STOP.
Si discordance échographique/clinique ou bien échographie anormale : TDM IV.
Le scanner abdomino-pelvien avec injection est le gold standard, il permet la stadification des lésions viscérales (score AAST).
Pour finir le Dr VIREMOUNEIX nous a introduit la place de l'embolisation dans ce contexte.
Le traitement conservateur est recommandé en première intention.
L’embolisation est indiquée en aigüe s’il y a une instabilité hémodynamique.
La présence d’un blush n’est pas une indication absolue d’embolisation ou de splénectomie.
Attention l’artériographie peut être faussement « blanche » sur une vasoconstriction due aux amines, il est utile de demander aux réanimateurs de baisser transitoirement les amines pour ne pas méconnaitre un saignement actif.
Les 3 messages qui comptent :
- faire des protocoles TDM adaptés pour l’enfant avec de nouveaux algorithmes : le bodyscan ne doit plus être la règle.
- la radio du thorax et l’échographie sont faites en premier le plus souvent
- le suivi se fait par échographie et IRM.
A vous de jouer pour mettre en pratique ces précieuses connaissances pendant vos gardes et éviter d’irradier ces choupinous lorsque non nécessaire !