CHC : nouvelles recommandations de l’EASL pour un diagnostic précis

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L’année 2024 marque un tournant dans la prise en charge du carcinome hépatocellulaire (CHC). La société Européenne d’hépatologie (EASL) propose en effet de nouvelles recommandations, intégrant les avancées les plus récentes en imagerie pour améliorer le diagnostic et la prise en charge de ces tumeurs.

CHC

Depuis plus de deux décennies, le diagnostic du CHC repose en grande partie sur l’imagerie. Les critères diagnostiques ont évolué au rythme des progrès technologiques et des changements de paradigmes dans la compréhension de l’hépatocarcinogenèse. En 2024, l’EASL franchit une étape avec des guidelines centrées sur l’intégration du système LI-RADS, et l’introduction d’une approche pronostique par l’imagerie.

Vers une imagerie plus structurée et standardisée : le LI-RADS.

Première avancée : l’insistance sur la standardisation de la terminologie, la technique, l’interprétation et la rédaction des comptes-rendus. L’objectif est clair : harmoniser et homogénéiser les pratiques pour améliorer les performances diagnostiques.

L’EASL choisit d’adopter le système LI-RADS qui a été précisément conçu pour cela.  Le LI-RADS, introduit par le collège Américain de radiologie, permet de classer les nodules hépatiques découverts chez les patients à risque selon leur probabilité d’être un CHC, en s’appuyant sur des critères d’imagerie précis : taille, hyperehaussement au temps artériel, « lavage », capsule rehaussée et seuil de croissance. Ce système probabiliste classe les lésions de LR-1 (lésion bénigne) à LR-5 (CHC certain), avec des catégories intermédiaires qui orientent sur l’utilité d’un suivi ou la décision de réaliser une biopsie. Le système introduit également la possibilité de classer un nodule comme étant malin sans être toutefois spécifique de CHC (LR-M pour ‘malignancy’) et autorise l’utilisation d’une série de signes accessoires qui modulent la probabilité de malignité. Les études récentes montrent des performances diagnostiques identiques de la catégorie LR-5 comparée au système binaire antérieur (CHC/non CHC) en assurant une standardisation plus grande et une communication moins ambiguë.

Une imagerie qui anticipe le pronostic

Au-delà du diagnostic, les nouvelles recommandations intègrent pour la première fois la notion d’imagerie pronostique. Certaines caractéristiques morphologiques ou fonctionnelles visibles en imagerie sont en effet associées à un pronostic défavorable : forme infiltrante, rehaussement artériel périphérique, hypointensité à la phase hépatobiliaire, rupture capsulaire, nécrose tumorale, restriction marquée en diffusion.

À l’inverse, la présence d’une capsule continue, d’une iso- ou hyperintensité à la phase hépatobilaire, ou encore un contenu homogène en graisse sont des éléments associés à un meilleur pronostic. Cette approche ouvre la voie à une médecine plus personnalisée, où l’imagerie ne se limite plus à caractériser une lésion mais anticipe son comportement biologique.

Et demain ?

L’intégration des imageries diagnostique et pronostique ouvre la voie à un phénotypage des tumeurs en imagerie complémentaire des données histomoléculaires les plus récentes. À l’heure des essais thérapeutiques néo- et adjuvants, et des stratégies combinant traitements systémiques et loco-régionaux, cette approche ouvre la voie à une meilleure stratification des patients et à une personnalisation accrue des prises en charge.

Le Congrès de la SIAD les 23 et 24 mai 2025 à la Rochelle sera l’occasion de découvrir en détail ces nouvelles recommandations, à travers des cas pratiques, et des échanges entre experts. Venez nombreux !

chc algo

Proposition d’algorithme diagnostique du CHC selon l’EASL adapté de European Association for the Study of the Liver. EASL Clinical Practice Guidelines on the management of hepatocellular carcinoma. J Hepatol. 2025 Feb;82(2):315-374.

Texte

Maxime Ronot, Hôpital Beaujon, Clichy