Vends ou échange IRM d'occasion... mais à quel prix ?

irm vert

Vends IRM d'occasion, pas chère, livraison possible. Quelques rayures mais fonctionne encore bien... 

Ce genre d'annonce vous choque ? Pourtant, hormis, les termes qui sont en effet plus adaptés à un site de petites annonces, le marché des scanner et IRM d'occasion existe bel et bien. Mieux, la France est l'un des rares pays du monde qui vend des machines d'occasion à ses voisins.

Le constat est : pour des raisons de financement nos EML (Équipements Matériels Lourds dont font partie les Scanners et IRM) sont souvent changés tous les 7 ans. Cette valeur fait suite à une volonté louable de s'assurer que notre matériel est toujours à jour et donc de proposer une rémunération en fonction. C'est donc le cadre légal qui dicte implicitement la période de renouvellement et les innovations. 

Pourtant de l'aveu même des constructeurs un aimant d'IRM pourrait tenir 25 ans. Une simple mise à jour logicielle serait probablement plus simple, associée aux changements de certains modules si nécessaire. 

Construire, faire parvenir et installer une nouvelle machine n'est pas anodin. Si le critère pécunier vient immédiatement à l'esprit, il n'est pas le seul "coût" de ces changements réguliers. Simple exemple : saviez-vous qu'une IRM contient jusqu'à 2000L d'hélium ? L'imagerie représente l'un des principaux consommateurs au monde de cette ressource fossile, donc non renouvelable, dont l'épuisement estimé s'annonce pour bientôt avec déjà plusieurs épisodes de pénuries (1).

L'hélium n'est qu'une sous-partie des multiples impacts que notre spécialité au top de la technologie fait peser à l'environnement. 

D'après certaines sources pessimistes, l'imagerie représenterait jusqu'à 1% des émissions de gaz à effet de serre (GES) d'un pays développé comme le nôtre. Nous savons qu'il est urgent de jouer sur tous les tableaux pour limiter notre empreinte. Un sondage montre que tous les acteurs s'accordent sur un point : l'implication de chaque maillon de la chaîne est vu comme nécessaire (2) : 

  • les constructeurs peuvent améliorer l'écoconception d'un EML. Pour continuer sur l'exemple de l'hélium, il existe aujourd'hui des IRM sans déperdition d'hélium voire n'en nécessitant quasiment pas. Il restera entre autres à diminuer la consommation électrique d'une machine ou limiter son empreinte en ressources métalliques. 
  • le choix à l'achat du matériel par un groupe/hôpital peut être fait de façon éclairée en intégrant des critères écologiques (quid d'un label sur nos machines comme on en voit déjà sur l'électroménager ?). 
  • durant toute la vie de la machine un usage plus résilient est possible (les coûts sont parfois cachés : la climatisation de la salle du scanner consomme environ 30 fois plus que le scanner lui-même). Il est indispensable de repenser le mode de fonctionnement par un environnement architectural adapté aux canicules et a une moindre déperdition d'énergie puis une diminution des échanges thermiques et un usage raisonné de la climatisation.  
  • un recyclage et surtout l’upgrading des machines est possible par un travail collaboratif industriels-radiologues-établissements selon un cahier des charges incluant l'écoresponsabilité comme un objectif. 
  • et enfin pourquoi ne pas réfléchir à un cadre légal différent qui modifierait nos pratiques de renouvellement pour une façon plus adaptée à notre futur ? 

 

1 : Pénuries d'hélium : https://www.usinenouvelle.com/article/indispensable-pour-la-microelectronique-ou-les-irm-l-helium-ne-sort-pas-de-la-penurie.N2109526

2 : Livre Blanc "Radiologie et Écoresponsabilité" : www.radiologie.fr/files/medias/documents/Livret%20blanc%20-%20version%20web%2010%20dec%202021_.pdf

 

Séance pédagogique - Vendredi 13 octobre
Ecoresponsabilité en imagerie médicale
Salle 241 - 10h15 - 11h30

Séance pédagogique - Samedi 14 octobre
Recyclage des produits de contraste
Salle 241 - 11h15 - 11h15