Utiliser un injecteur automatique : des précautions à prendre

Les injecteurs automatiques sont des dispositifs médicaux nécessaires aux manipulateurs et aux radiologues pour optimiser la qualité de la plupart des examens d’imagerie nécessitant l’injection d’un produit de contraste (ci-après PCI) : Scanner, IRM, radiologie interventionnelle, angiomammographie, ...

Injection
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Ils sont essentiellement utilisés pour administrer des PCI à base d’iode ou de gadolinium avec des caractéristiques (viscosité...) différentes pour chaque médicament et sont pilotés par le manipulateur auprès du patient ou bien à distance depuis le pupitre.
Selon le type d’examen les sites d’injection (Depuis les voies veineuses périphériques jusqu’aux dispositifs intraveineux de longue durée (ci-après DIVLD)) ainsi que les débits d’injection (de 0,5 à 6 ml/s) sont très variables.

Leur utilisation présente des risques. Ci-dessous exemples issus de la littérature, de signalements d’incidents ou presqu’accidents, de CREX, de l’ANSM) :

 

  • Les extravasations. Elles surviennent dans 0,1 à 0,9% des injections de PCI et sont plus fréquentes depuis la généralisation de l’injection automatisée. Plus souvent décrites au scanner leurs conséquences sont variables selon le produit extravasé, sa quantité, le site d’injection, l’âge des patients. Elles sont la plupart du temps sans gravité mais peuvent rarement se compliquer (nécrose des tissus). 
  • L’injection d’air dans les vaisseaux : Exemples, « Seringue de 200 cc pleine d’air préparée par un étudiant et heureusement non administrée (presqu’accident) », « bulles dans le cœur droit détectées par le radiologue à l’interprétation (purge imparfaite des tubulures) ». Les conséquences peuvent être graves (embolie gazeuse…). 
  • L’entretien de l’injecteur (Coulures de PCI, germes …) présente un risque de panne et de problèmes d’hygiène.
  • Une détérioration des dispositifs médicaux associés : L’utilisation à fort débit impose aux tubulures, robinets… des pressions importantes qui peuvent provoquer des incidents. Également potentiellement impactées les voies veineuses : DIVLD (VVC, PAC, Piccline, Midline...), voies périphériques…
  • L’erreur de PCI : Risque lié à l’administration d’un PCI auquel le patient serait allergique connu. Le rythme de travail ou la possibilité offerte par l’injecteur de disposer de plusieurs voies d’injection avec des PCI différents sont citées lors des analyses de causes. 
  • Injection d’eau à la place du PCI : Des mésusages sont décrits avec des injecteurs à double seringues (dont une de NACL pour rinçage ou test). Au décours examen à refaire et exposition inutile du patient.
  • D’autres incidents rares (pannes…) conduisant à l’impossibilité d’utiliser l’injecteur impactant la qualité ou la faisabilité de l’examen. 

Face à ces risques, quelles précautions peut-on prendre ?

  • Bien choisir, régler et maintenir l’injecteur (Choix d’un DM adapté aux attentes d’utilisation, réglage des capteurs de pression, maintenance préventive…)
  • Former les manipulateurs à l’utilisation d’un nouvel injecteur et organiser l’encadrement lors des premières utilisations. Pourquoi pas une « habilitation » locale ?
  • Surveiller les étudiants lorsqu’ils procèdent à l’injection.
  • Signaler les événements précurseurs et mettre en place des mesures préventives.
  • Rédiger des protocoles d’examens adaptables en débit d’injection selon l’âge, le risque veineux du patient, la voie utilisée, la viscosité du PCI.
  • Partager les bonnes pratiques : Entretien, manipulation, programmation de l’injecteur (pression maximale adaptée, test d’injection.) connaissance des DIVLD, voie veineuse de dimension suffisante et contrôlée en salle d’examen.
  • Décider de consignes strictes au moment de l’injection : Par exemple « J’injecte ce que j’ai préparé » ou a minima « j’effectue un contrôle ultime systématique juste avant l’injection ».

Les risques aux conséquences potentiellement graves liés à l’utilisation si utile d’un injecteur automatique peuvent être considérablement limités par une démarche qualité favorisant la rigueur à leur exploitation et à leur utilisation. Il convient pour cela que l’organisation du travail des manipulateurs autorise sa mise en œuvre dans toutes ses dimensions.