Transformer la relation au patient par la manutention

Les manipulateurs sont soumis à des contraintes de manutention importantes au regard de la quantité et de la diversité des patients pris en soins. 

manutention
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Ils se retrouvent souvent dans un rôle de manipulateur « manutentionnaire » déplaçant un patient « objet » d’un point A vers un point B. La démarche d’aide au transfert propose à l’un de retrouver son rôle « soignant » et à l’autre de redevenir acteur de sa mobilité.

Lorsque l’on évoque la manutention, des références aux secteurs de la logistique ou du BTP nous viennent immédiatement à l’esprit. Pourquoi ne pas aborder la manutention versus aide à mobilité ? Cette approche met l’accent sur le prendre soin. Elle tient compte des capacités physiques et cognitives du patient, sa pathologie, sa douleur, son environnement. Dans cette démarche, la notion de prendre soin doit être omniprésente à toutes les étapes.
 

L’objectif principal est la prévention des TMS* chez le soignant (le secteur sanitaire est l’un des mauvais élèves en terme de prévention des TMS, engendrant arrêts de travail et maladies professionnelles, et aux enjeux importants (règlementaires, financiers ou sociétaux pour l’employeur, humains pour la santé et la qualité de vie de l’agent). Le second objectif est l’amélioration de la prise en soin du patient.

Les 6 principes de sécurité physique et d’économie d’effort (PSPEE), visant à se protéger (dos droit, genoux fléchis, bras tendus, bonnes prises, charge près du corps, bonne stabilité), sont abordés. Mais 2 principes, en lien avec le patient sont essentiels et participent au prendre soin :

  • Le respect de l’autonomie du patient : Ce qu’il fait, le soignant ne le fera pas, économisant ainsi ses efforts. Cela limite aussi les manipulations douloureuses (qui mieux que le patient pour évaluer ce ressenti !). Cela lui offre une prise de conscience de ses capacités et renforce sa propre estime et sa dignité.
  • Le respect du déplacement naturel : « Le déplacement naturel est la manière naturelle et spontanée qu'ont la majorité des individus, ne présentant aucune déficience, pour se déplacer ». Chaque déplacement est constitué d'une suite logique d'étapes composées de mouvements élémentaires automatiques et inconscients. Ces étapes sont communes à tous les individus et indispensables pour réaliser un déplacement.  Ce principe-là, permet au patient de redécouvrir ces gestes inconscients. Sans respect du déplacement naturel, le soignant fournira tous les efforts et des portages délétères.
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Ces 8 grands principes ne sont rien sans la qualité de la relation et de la communication que l’on initie, via les 3 modes de communication (Non-verbale, Para-verbale Verbale).

On pourra déterminer 3 phases :

  • Présentation : entrer en contact ;
  • Explication : expliquer les actions, diminuer l’appréhension ;
  • Action : synchroniser ses actions avec le patient et les autres soignants.

 

Ensuite, la mise en place d’aides techniques offrent au patient un relais partiel ou total. Elles évitent au soignant des portages délétères. Souvent précieuses, certaines offrent un gain d’autonomie, mais elles doivent être utilisées à bon escient pour éviter un sur-assistanat.

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Ci-dessous, schéma décisionnel résumant les étapes d’un bon accompagnement à la mobilité :

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A toutes les étapes, le soignant évalue en permanence l’environnement du patient, ses capacités et les risques engendrés.

Conclusion :

La démarche d’aide au transfert apporte du confort à la personne aidée et lui permet de maintenir voire d’améliorer son autonomie. Pour le manipulateur, de prévenir ses risques de TMS.

Par le confort physique qu’elle apporte à la fois au soigné/aidé et soignant/aidant, elle permet de se concentrer sur une vraie relation de soin. Il faut ensuite trouver les bons mots pour solliciter au mieux le patient.

 

Sources : INRS

*TMS : Troubles musculo-squelettiques