Le syndrome de congestion pelvienne : un enjeu médical sous-estimé

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Le syndrome de congestion pelvienne (SCP) est une pathologie chronique, encore méconnue, responsable de douleurs pelviennes invalidantes chez la femme, souvent récidivantes et difficiles à caractériser. Le SCP repose sur la dilatation et l’insuffisance veineuse pelvienne, touchant notamment les veines ovariennes et péri-utérines. Cette pathologie complexe s’inscrit au carrefour de plusieurs spécialités : gynécologie, radiologie interventionnelle, chirurgie vasculaire et douleur chronique.

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Un défi diagnostic et thérapeutique

Le diagnostic de SCP est souvent retardé en raison de la variabilité des symptômes (douleur pelvienne chronique, exacerbée en fin de journée ou en station debout prolongée, douleurs post-coïtales, troubles urinaires) et du manque de consensus sur les critères d'imagerie.

Si l’échographie pelvienne et l’IRM pelvienne sont aujourd’hui utilisése pour identifier les dilatations veineuses, leur interprétation reste hétérogène. Les veines ovariennes sont considérées pathologiques lorsqu'elles atteignent un diamètre supérieur à 5-6 mm, mais ce critère seul est insuffisant pour affirmer la pathologie. Le phénomène de reflux veineux, analysé par doppler ou lors d’examens contrastés, est également au centre du diagnostic.

Du côté thérapeutique, l’embolisation des veines ovariennes est devenue la technique de référence en radiologie interventionnelle. Cependant, le choix du matériel embolisant, les indications à un traitement bilatéral ou ciblé, ainsi que les modalités de suivi à long terme restent à standardiser.

Une littérature encore insuffisante

Malgré une popularité croissante, aucune études de haut niveau de preuve (essais randomisés contrôlés) n’est disponible. Les méta-analyses récentes suggèrent un taux de succès clinique de l’embolisation autour de 75 % à 90 %, mais avec des biais de recrutement et d’évaluation des résultats. Les échelles PROMs (Patient-Reported Outcome Measures) commencent à être utilisées pour objectiver l'amélioration clinique, mais leur adoption reste limitée.

Par ailleurs, l'interaction entre syndrome de congestion pelvienne et autres pathologies (en dométriose, adénomyose et sensibilisation pelvienne) complexifie la prise en charge globale.

Une initiative de la SFICV pour structurer la prise en charge

Face à ces incertitudes, la Société Française d'Imagerie Cardiovasculaire et Interventionnelle (SFICV) a pris l’initiative de coordonner un consensus d’experts multidisciplinaire, rassemblant 12 radiologues interventionnels issus du public et du privé, hommes et femmes, sous couvert de la SFICV, de la FRI, du CERF et de la SIFEM. Ce travail a bénéficié d’une validation externe par deux gynécologues du comité scientifique du CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français).

Ces recommandations visent à proposer :

  • Une définition claire du SCP et de ses critères diagnostiques en imagerie,
  • Des indications de traitement homogènes,
  • Un suivi standardisé post-embolisation,
  • Une stratégie adaptée pour les syndromes compressifs associés.

Ce travail collaboratif a été publié dans une revue de haut rang : Diagnostic and Interventional Imaging, renforçant ainsi son impact scientifique.

Rendez-vous aux JFICV 2025 à Arles !

Ces nouvelles recommandations seront présentées en exclusivité lors des JFICV 2025, qui se tiendront du 12 au 14 juin 2025 au Palais des Congrès d'Arles.

Le congrès, unique en France à mêler imagerie cardiovasculaire diagnostique et interventionnelle, mettra également à l'honneur la jeunesse avec 100 bourses juniors, des écoles de formation pratique et des sessions dynamiques pour favoriser l'échange scientifique.

Nous vous attendons nombreux pour découvrir et discuter ensemble les avancées de la prise en charge du SCP !

 

Julien Frandon, Radiologue interventionnel, CHU de Nîmes, Secrétaire général de la SFICV