Sécurité IRM : le rôle du médecin du travail

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Les professions des salariés exposés aux champs magnétiques de l’IRM sont variées (Manipulateurs en Électroradiologie Médicale (MERM), radiologues, anesthésistes, chirurgiens, femmes de ménage, agents de maintenance, etc.).

Les professions des salariés exposés aux champs magnétiques de l’IRM sont variées (Manipulateurs en Électroradiologie Médicale (MERM), radiologues, anesthésistes, chirurgiens, femmes de ménage, agents de maintenance, etc.). La plupart ne sont exposés qu’au champ magnétique statique (CMS), B0. Néanmoins, en imagerie interventionnelle, en cas d’urgence ou pour rassurer un patient ils peuvent également être exposés aux champs variables (dB/dt) et aux champs radiofréquences (B1).

Le médecin du travail est un acteur essentiel de la prévention des risques associés à l’exposition aux champs magnétiques présents à proximité d’une IRM. 

  • A l’échelle collective :

Il s’assure que les conditions de travail d’un groupe de salariés soumis aux mêmes risques professionnels ne constituent pas un danger pour leur état de santé. Il conseille l’employeur pour mettre en place des mesures de prévention collectives. Il peut prodiguer des conseils de de prévention à ces salariés sous forme de sessions de sensibilisation collectives par exemple.

  • A l’échelle individuelle :

Au cours de ses visites, le médecin du travail a la possibilité́ de sensibiliser chaque salarié de façon adaptée. Il n’a pas été prouvé d’effets à long terme de l’exposition aux différents champs magnétiques de l’IRM. Des symptômes transitoires peuvent cependant survenir (nausées, vertiges, gout métallique dans la bouche etc.). Si ces symptômes sont bénins, ils peuvent néanmoins altérer les capacités du travailleur à prodiguer des soins en sécurité́ au patient. Des symptômes peuvent être rapportés spontanément ou être recherchés en l’interrogeant. Il peut alors être utile pour le médecin du travail de rassurer le salarié sur leur bénignité́ et lui rappeler quelques conseils de prévention tels que le fait de s’éloigner tant que possible de l’anneau de l’IRM pour travailler. Certains gestes peuvent nécessiter tout de même de s’approcher de l’anneau et même d’y entrer la tête. Il peut être conseillé dans ces situations de réaliser des mouvements de tête les plus lents possibles afin d’éviter tout symptôme. Si malgré́ ces conseils les symptômes persistaient, il pourrait s’avérer utile de voir le salarié travailler en conditions réelles à proximité́ de l’IRM (étude de poste) pour l’aider à adapter sa pratique.

Le médecin du travail s’assure également que l’état de santé d’un travailleur est compatible avec son poste. Il peut emmètre des restrictions ou recommandations si ce n’est pas le cas.

Dans le cadre de l’exposition aux champs magnétiques de l’IRM, lors des visites de médecine du travail il recherche des contre-indications temporaires à cette exposition (grossesse, dispositifs médicaux passifs tels que matériel orthopédique, etc.) et au long court (dispositifs médicaux actifs, éclats métalliques oculaires, etc.).

Si certains dispositifs médicaux actifs (pacemaker, etc.) sont compatibles avec la réalisation d’un examen d’IRM isolé (mentions MR safe et MR conditional), ils ne le sont pas pour un professionnel qui serait exposé régulièrement dans le cadre de son travail aux champs magnétiques produits par une IRM. Tout salarié ayant un dispositif médical doit donc le signaler à son médecin du travail.

Une courte vidéo a été réalisée par le « groupe de travail en sécurité IRM » de la SFR. Elle peut être diffusée librement pour informer et sensibiliser les professionnels et patients à ces risques (1).

Un petit boitier portable de mesure du champ magnétique statique a été développé à Nancy. L’analyse des données de ce dispositif porté individuellement par les salariés au cours de leur travail pourrait permettre au médecin du travail de vérifier que leur exposition reste en adéquation avec les valeurs recommandées par la directive européenne 2013/35/UE et les recommandations de l’ICNIRP (2009, 2010 et 2014), établies notamment dans le but d’éviter la survenue de symptômes transitoires au cours de leur pratique. Ainsi, il pourrait adapter ses conseils aux pratiques individuelles de chaque salarié. Un article publié en 2023 décrit l’utilité de ce dispositif à partir de l’analyse de données d’exposition entre 2016 et 2020 de 5 MERM d’un centre de recherche (2).

1.         https://www.radiologie.fr/actualites/video-securite-en-irm

2.         Gimbert M, Doyen M, Weber N, Delmas A, Vignaud A, Fabre I, et al. Évaluation de l’exposition au champ magnétique statique des manipulateurs en électroradiologie médicale d’un centre de recherche travaillant à proximité d’IRM 3T et 7T à l’aide d’un dispositif portable. Arch Mal Prof Environ. 1 juin 2023;84(3):101702

 

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Personnages : alamyimages.fr : Jemastock