Le scanner thoracique ULD a-t-il vraiment démontré son inutilité au SAU ?

Auteurs

L’étude OPTIMACT est la plus grande étude prospective multicentrique comparant la radiographie thoracique au scanner thoracique ULD dans un contexte d’urgence, et les résultats principaux ont été publiés à l’été 2023 [1]. Stupeur, ils sont négatifs et « ne cautionnent pas le remplacement en routine de la radiographie thoracique par le scanner thoracique ULD pour la prise en charge des patients admis au SAU pour pathologie pulmonaire aigue non traumatique ».

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Texte

Alors, marche arrière toute pour le scanner thoracique ULD ?

Quand on analyse la publication, disponible en open-access, il s’agit effectivement d’un travail prospectif de qualité : 2 centres participants, recrutement sur deux périodes (hiver et été) pour mixer les pathologies rencontrées, randomisation entre scanner ULD et radiographie thoracique et inclusion de 2418 patients consécutifs, afin de créer deux groupes comparables d’environ 1200 patients.

Mais ce qui étonne, c’est le choix du critère principal qui viens affirmer la négativité de l’étude : il s’agit d’une mesure de l’état de santé global, réalisée 28 jour après le passage au SAU, par auto-remplissage d’un questionnaire dédié (PCS-SF12). Et c’est cette auto-mesure de l’état de santé qui n’était pas différente entre le groupe « passé par le SAU avec prise en charge scanner ULD » et le groupe « passé par le SAU avec prise en charge Rx ». 

Outre le fait que sur les 1200 patients dans chaque groupe, seulement environ 800 (environ 2/3) avaient effectivement complété le questionnaire à 28 jours, il se pose avant tout la question de la pertinence de ce critère d’évaluation en critère primaire ?

La lecture de l’article et des supplementary materials apporte des informations utiles, considérées par les auteurs comme des objectifs secondaires. Ainsi, dans le groupe scanner ULD, les patients avaient significativement plus fréquemment un diagnostic final, avaient significativement plus fréquemment un diagnostic de pneumopathie infectieuse, avaient une durée de passage au SAU significativement inférieure, avaient un nombre d’examens d’imagerie supplémentaires significativement moindre dans les suite et avaient un nombre significativement plus élevé de découverte fortuite (majoritairement des nodules pulmonaires, mais dont l’analyse n’est pas détaillée dans ce papier).

Au final, et vu ce qui est demandé à l’examen d’imagerie thoracique au SAU (effectuer un diagnostic précis, utile et rapide), il est difficile de considérer cette étude comme absolument négative. De nombreux papiers ancillaires à OPTIMACT sont attendus dans les prochaines années, et notamment une analyse médico-économique. A suivre donc !


[1] van den Berk, I. A., Kanglie, M. M., van Engelen, T. S., Altenburg, J., Annema, J. T., Beenen, L. F., ... & Stoker, J. (2023). Ultra-low-dose CT versus chest X-ray for patients suspected of pulmonary disease at the emergency department: a multicentre randomised clinical trial. Thorax, 78(5), 515-522.

 

Mickaël Ohana pour la SIT