RSNA 2023 : l’IA au cœur des innovations
Le mois dernier, Ventio était présent au RSNA 2023 à Chicago, accompagnant la délégation de la SFR en tant que lauréat du Prix de l’Innovation start-up des JFR 2022. Lors de ce salon de la « place McCormick », l’IA continue d’être au cœur des innovations et promet de fournir des outils qui auront un impact fort sur la radiologie.
La traditionnelle photo* « I was there » dans le hall central du salon. Un « must » pour lequel il faut faire la queue… *garantie non retouchée par IA générative.
Il y a à peine quelques années, on prédisait que l’IA remplacerait le radiologue. Aujourd’hui force est de constater qu’elle s’intègre pleinement à la technologie pour réduire le temps d’examen et améliorer la qualité des images. À court terme, préparons-nous à un renouvellement encore plus profond des pratiques avec l’essor des IA conversationnelles qui soutiendront les outils d’aide à l’interprétation.
L’IA est désormais entièrement intégrée dans les technologies d’imagerie sur toute la chaîne de valeur : planification des protocoles, reconstruction des images, débruitage… Elle est un véritable atout pour améliorer la qualité des examens, tout en les accélérant. In fine, le compte-rendu est maintenant l’enjeu stratégique qui fait l’objet d’une compétition féroce entre les différents acteurs.
L’utilisation de ces outils, basés notamment sur le NLP (traitement automatique du langage naturel) avec l’IA générative pose de grandes questions quant à la responsabilité du praticien. Pour rappel, ces outils génèrent des réponses plausibles, basées sur des données de sources variées, avec une part d’aléatoire. De ce fait, des biais sont possibles, tout comme des réponses inappropriées induites par l’IA.
De nombreuses discussions ont eu lieu autour de cet enjeu majeur.
À titre d’illustration une table ronde organisée par des internes sur l’AI Theater a été particulièrement remarquée et commentée. Réunissant notamment les éditeurs en chef des revues scientifiques les plus prestigieuses dans le domaine de la radiologie, elle avait pour objectif de passer au crible une IA générative. Performance de l’IA aux épreuves de l’internat, capacité de rédaction de publications scientifiques, pertinence du diagnostic différentiel généré à partir d’une image... même si nous n’en sommes pas au point de remplacer le radiologue, les immenses progrès, réalisés en quelques années seulement, doivent nous questionner.
Le rôle de ces outils comme aide à la décision, éventuellement comme une seconde opinion, doit être de fiabiliser le diagnostic et d’améliorer la prise en charge des patients. Chaque radiologue peut et doit s’interroger sur le recours qu’il souhaitera avoir à ces outils. Quoi qu’il en soit ces derniers signent une évolution des pratiques en radiologie, évolution qui devra être accompagnée d’une éthique et de lignes directrices nouvelles.
L’utilisation secondaires des données d’imagerie est aussi au cœur des débats pour servir à l’entraînement des modèles. Les enjeux sont colossaux. En Amérique du Nord, où la législation est potentiellement moins restrictive qu’en Europe, et au-delà des initiatives institutionnelles, certaines start-up innovantes proposent des accès ultra-rapides (en quelques jours) à de très larges bases de données d’images médicales et des comptes-rendus. La cible est évidemment les entreprises du dispositif médical et du médicament pour développer leur produits et services. Un modèle économique avec un juste partage de la valeur semble se dessiner sur le sujet. Pour rester compétitifs, en France, les radiologues doivent continuer de s’approprier le dossier médical partagé et participer aux initiatives de standardisation et d’interopérabilité françaises et européennes.
La conciliation de notre réglementation européenne, protectrice des personnes, et des exigences d’innovation permettra que les données d’imagerie puissent servir à développer les outils de demain, outils qui iront bien au-delà de l’image lorsqu’ils seront couplés à l’histoire de la maladie.
Enfin, l’innovation à Chicago, c’est aussi un vent venu d’Europe, avec notamment des entreprises Françaises qui prennent leur marque et affermissent leur position sur le marché très compétitif de l’IA en radiologie. L’écosystème français de la tech en santé est riche. Vous retrouverez ces start-up sur les salons professionnels et vous travaillez déjà peut-être avec certaines d’entre elles. La France n’a pas à rougir de son tissu industriel sur ces sujets, et je vous invite à accompagner le développement de ces innovations en jouant la carte du Made in France.
A nouveau, je remercie la SFR de cette possibilité de sentir le vent de l’innovation à Chicago et j’invite les porteurs de projet innovants dans le domaine à rester attentifs et à postuler au prix de l’innovation des JFR2024.
Des espaces dédiés à l’innovation et l’IA (s’inspirant du modèle des JFR). Dans l’« AI Theater » et l’ « Innovation Theater » s’enchaînent des présentations de solutions innovantes. Au « Learning center » des retours d’expérience et des formations pratiques complètent les présentations scientifiques et sont indicatives des tendances.