Quel rôle pour le radiologue dans l’optimisation du parcours de santé des personnes avec épilepsie

HAS
À la suite des recommandations de bonnes pratiques dans la prise en charge de l’épilepsie, l’HAS se dote d’un nouveau guide afin d’optimiser le parcours de santé des personnes épileptiques en France. Notre rôle en tant que radiologue est essentiel dans ce parcours, à différents stades clés de la maladie, pour orienter au mieux les patients avec épilepsie vers la meilleure prise en charge, en coordination avec tous les acteurs.

L’épilepsie est la deuxième maladie neurologique chronique la plus fréquente avec environ 600 000 personnes atteintes (1% de la population française).  En raison de la grande variabilité de ses causes et de ses manifestations très polymorphes, sa prise en charge reste complexe. 


Ainsi, les données de l’Assurance Maladie font apparaître une grande disparité dans la qualité de la prise en charge médicale de l’épilepsie, avec de nettes insuffisances donnant lieu à des errances diagnostiques, des soins parfois inadaptés, un manque d’accompagnement des patients et de coordination des acteurs. Il en résulte par exemple que des centres hyper spécialistes de cette pathologie font face à une demande aiguë pour des épilepsies non complexes qui pourraient également être suivies par le médecin traitant, en lien avec un neurologue. A l’inverse, certains patients avec une épilepsie complexe ou résistante au traitement tardent à être orientés vers les centres experts adaptés.

Ce guide, qui s’adresse à tous les acteurs (professionnels de santé et médicosociaux, aux patients et à leur entourage), a pour objectif d’améliorer le diagnostic, favoriser la coordination de l’ensemble des acteurs et, in fine, améliorer la qualité de vie. 

Ce rapport souligne en outre le rôle clé de l’imagerie pour orienter, à chaque étape et pour chaque niveau de gravité, les patients vers la meilleure prise en charge. Une imagerie peut en particulier être proposée :

  1. Dans le bilan initial d’une première crise d’épilepsie de l’adulte à la recherche de cause d’irritation du cortex : tumeur, malformation vasculaire, encéphalite, lésion séquellaire... 
  2. Chez les patients avec crises récurrentes, pour rechercher une anomalie structurelle sous-jacente (qui s’associe à une augmentation du risque d’évolution vers une pharmacorésistance). 
  3. Dans le bilan d’une épilepsie pharmacorésistante focale à la recherche d’une lésion épileptogène potentiellement accessible à un geste chirurgical : une IRM morphologique avec un protocole dédié et des séquences haute résolution à 3T est réalisée avec une lecture experte. Une IRM fonctionnelle peut être également réalisée dans le cadre du bilan préopératoire.
  4. Enfin, une nouvelle IRM doit être envisagée si le (les) premier(s) bilan(s) d’imagerie est (sont) négatif(s), d’autant plus si les conditions de réalisation initiales ne sont pas optimales (IRM 3T, protocole adapté, confrontation au reste du bilan clinique et EEG, relecture par médecin expert).

Malgré ces recommandations, l’IRM est encore trop souvent réalisée :

  • Insuffisamment 
  • Tardivement
  • Dans de mauvaises conditions (protocole inadapté)
  • Sans concertation muldisciplinaire et à l’aveugle des données cliniques indispensable à une lecture optimale
  • Les enjeux pour nous radiologues sont donc :
  • Une harmonisation des pratiques professionnelles, et en particulier des protocoles d’acquisition (cf. tableau ci-contre*)
  • Le renforcement de la coordination et de la coopération interprofessionnelle
  • Une prise en charge graduée avec identification de centres et praticiens experts pour la relecture des cas les plus complexes

A nous de jouer !

*Protocole harmonisé d’exploration de l’épilepsie en IRM selon la Ligue Internationale contre l’Epilepsie (ILAE 2019)
Séquence obligatoire Avantages
3D T1 EG (MPRAGE, SPGR, TFE)
1x1x1mm
Reformatage multi planaire. Evaluation anatomique et morphologie du cortex
3D FLAIR
1x1x1 mm
Dysplasie corticales, Sclérose hippocampique, lésions tumorale, gliose...
2D coronal T2 SE dans le plan de l’hippocampe
0.4 x 0.4 x 2mm
Architecture interne de l’hippocampe
 
Séquences optionnelles  
Séquence de susceptibilité magnétique (SWI, SWAN) ou T2* Dépôts d’hémosidérine, calcification, cavernomes...
3DT1 avec injection de gadolinium En cas de lésion tumorale, malformation vasculaire ou processus infectieux.