Un recours à l’IRM du membre inférieur trop fréquent mais pas toujours justifié

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La Haute Autorité de santé (HAS) et le Conseil national professionnel de radiologie et imagerie médicale (G4) ont publié en juin 2022 deux fiches pertinence sur la pertinence de l’imagerie en cas de gonalgie non traumatique et post-traumatique. Pour appuyer les messages clés, la HAS et le G4 ont mené une étude sur le recours à l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) du membre inférieur (MI) à partir du système national des données de santé (SNDS).

Cette étude recense près de 780 000 patients ayant eu une IRM du MI au second semestre 2021. L’IRM était demandée par un médecin généraliste dans 70,5 % des cas. Cette estimation est probablement haute car il n’est pas possible d’identifier précisément le demandeur dans le SNDS. Toutefois, un patient sur deux (52,2 %) n’a vu qu'un médecin généraliste dans les 3 mois précédant l’examen. L’étude fait le constat que l’IRM du MI – et a fortiori du genou – est souvent réalisée en première intention : la moitié des patients n’a pas de radiographie du membre inférieur (bassin, articulation coxofémorale, cuisse, jambe, genou, cheville ou pied) et plus de deux tiers n’ont pas de radiographie du genou dans les six mois avant l’IRM. L’examen d’IRM n’aboutit pas à la réalisation d’actes interventionnels dans la très grande majorité des cas : 80 % des patients n’ont pas d’acte thérapeutique ambulatoire ni d’hospitalisation pouvant être en rapport avec le genou dans les 6 mois après l’examen. Par ailleurs, 13% des patients ont au moins deux IRM du MI sur une année.

Cette étude apporte le constat que les pratiques ont peu évolué depuis 2012 et que le nombre d’IRM du MI a fortement augmenté en presque 10 ans (443 242 IRM du MI au premier semestre 2012, soit + 76 % en 10 ans).

L’interprétation de ces résultats doit tenir compte des limites associées à la source de données utilisée. D’une part, il n’est pas possible dans le SNDS d’identifier les IRM du genou ; le périmètre de l’étude concerne donc l’ensemble du MI. D’autre part, le demandeur de l’examen d’imagerie n’est pas disponible dans le SNDS. Enfin, l’absence d’informations cliniques dans cette base doit conduire à interpréter avec prudence les écarts à la pratique mesurés par rapport aux recommandations des fiches pertinence.

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Pour rappel, concernant la gonalgie non traumatique, les recommandations (de juin 2022) sont les suivantes :

- réaliser un interrogatoire et un examen clinique complet avant toute imagerie du genou ;
- la radiographie du genou est l’imagerie de première intention en cas de gonalgie ;
- ne pas réaliser d’IRM en première intention ;
- l’imagerie ne doit pas être répétée en cas de nouvel épisode de gonalgie chez un patient ayant une pathologie connue et une symptomatologie habituelle.

Même si les résultats de cette étude doivent être nuancés au regard des données disponibles et des approximations réalisées, ils incitent à poursuivre la diffusion des recommandations sur la pertinence de l’imagerie en cas de gonalgie. La HAS et le G4 proposent donc une fiche sur l’état des pratiques incluant les principaux résultats de cette étude ainsi qu’un rappel des messages pertinence.

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La HAS réitérera cette étude afin d’évaluer l’impact de ses recommandations dans les années à venir. Pour consulter les recommandations sur la pertinence de l’imagerie en cas de gonalgie ainsi que l’ensemble des résultats de cette étude, nous vous invitons à consulter le site internet de la HAS.