Quoi de neuf dans l’imagerie médico-légale ?

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L’imagerie médico-légale est une discipline qui est composée, tout comme la médecine légale de plusieurs thématiques et sous-disciplines : une partie va concerner l’imagerie médico-légale clinique des vivants, une autre l’imagerie post mortem.

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Texte

En imagerie médico-légale clinique, plusieurs aspects sont possibles : principalement l’estimation de l’âge d’individus vivants (par la réalisation de radiographies ou de scanners), et l’intégration d’une nouvelle interprétation d’un examen d’imagerie clinique dans un rapport et un contexte médico-légal. En imagerie médico-légale post mortem, plusieurs éléments peuvent être étudiés : les cadavres bien sûr, mais aussi les squelettes, les momies, et les restes osseux ... Dans ce domaine, l’imagerie peut être une aide dans un cadre hors médico-légal, mais aussi archéo-anthropologique, et qui est alors très appréciés par les archéologues !

Les outils radiologiques utilisés en imagerie médico-légale regroupent tout l’éventail utilisé en radiologie clinique : de la radiographie standard analogique et également numérique, à la tomodensitométrie, en passant par la radioscopie, l’imagerie par résonance magnétique (IRM), et le micro-scanner. Il est même maintenant possible d’effectuer avec un injecteur, ainsi qu’un produit de contraste dédiés, des examens d’imagerie post mortem injectés que cela soit en tomodensitométrie ou en IRM. Les résultats sont incroyables compte tenu de la qualité d’opacification, et de l’absence de règle de radioprotection, qui permettent une acquisition en tomodensitométrie avec des coupes aussi fines que la machine le permet !

L’imagerie tomodensitométrique post mortem bénéficie des mêmes innovations qu’en clinique : scanner bi-tube, spectral … Les modes de reconstructions tels que tout d’abord le 3D volumique en Surface Shaded Display (SSD), Volume Rendering Technique (VRT) participent à une représentation en 3D par exemple d’un traumatisme crânien qui est très utile pour le médecin légiste. Les dernières innovations, notamment la Global Illumination Technique est également une innovation appréciée des anthropologues. En effet, la qualité de la représentation 3D osseuse peut parfois paraitre similaire à celle de la photographie d’une structure osseuse !

A côté de ces outils connus des radiologues, il en existe qui le sont moins, notamment la photogrammétrie et le scanner surfacique 3D.  Ces ceux outils peuvent être utilisés en synergie avec les images tomodensitométriques et permettent d’avoir une information surfacique du cadavre en termes de lésion, de texture de peau, et de couleur. Cela permet donc par le biais des fusions des images d’avoir les informations à la fois superficielles et profondes d’un cadavre. Cela peut encore aller plus loin en termes de modélisation si des scanners surfaciques 3D particuliers ont été utilisés sur les lieux, par exemple dans le cadre d’un accident de la route impliquant un véhicule léger et un piéton. Il sera ainsi possible de modéliser l’environnement, le véhicule, et la victime décédée et de produire plusieurs scénarios accidentels par exemple. Cela peut également permettre par exemple sur un individu vivant de modéliser un marteau virtuel (mais qui correspond à l’arme qui a été utilisée), un crâne (à partir du scanner clinique du patient) et de mettre virtuellement en scène le marteau frappant le crâne, et de vérifier la compatibilité par exemple de la forme de la fracture et de la forme du marteau. Tout un tas d’applications en médecine légale thanatologique ou clinique sont possibles, par exemple la superposition d’ecchymoses en forme et de semelles de chaussure …

Le progrès des outils informatiques, est également exponentiel, et permet également d’effectuer de façon automatique ou quasi automatique des segmentations d’organes, d’épanchements, d’os … Il est alors possible de construire un modèle 3D par exemple d’une vertèbre et de l’isoler du reste du corps par exemple. Cela devient encore plus intéressant lors de la comparaison entre des examens d’imageries tomodensitométriques ante et post mortem : il est alors possible de représenter les différences et similarités métriques par le biais d’une carte surfacique colorimétrique avec également des résultats en termes de différence métriques entre les deux vertèbres segmentées par exemple.

Cette segmentation permet également la réalisation de ce qui peut être également effectué en pratique clinique : la réalisation d’objets en impression 3D. Cela peut être utilisé en clinique pour la réalisation de prothèses, mais aussi dans un contexte post mortem pour avoir une réplique d’un squelette ou d’un fragment osseux. Cela prend tout son sens si l’on imagine que cette impression est celle du crâne d’un individu vivant, ou d’un reste fossile qui ne peut être manipulé, compte tenu de sa valeur historique (ou pré historique) ou scientifique.
Des applications sont également possibles en réalité virtuelle et augmentée. Il devient alors possible avec un masque de se retrouver sur la scène de crime, ou l’accident.

Bref, toutes ces innovations peuvent être mise au service de la justice dans un cadre médico-légal par les radiologues et la cohorte de scientifiques qui peuvent être impliqués en imagerie médico-légale.
Si vous souhaitez en apprendre plus dans le domaine de l’imagerie médico-légale, vous pouvez retrouver les meilleurs spécialistes mondiaux dans ce domaine à Toulouse, du 25 au 27 mai 2023, dans le cadre du congrès de l’ISFRI, qui est l’International Society of Forensic Radiology and Imaging ! En savoir plus...

 

Légendes images : 
1 – Reconstruction 3D VRT crânienne, vue latérale droite : visualisation d’une fracture embarrure crânienne avec de multiples traits fracturaires de refend, suite à un coup porté avec un instrument contondant.
2 – Reconstruction 3D VRT crânienne, vue latérale droite, dans le cadre d’une exhumation, après une première autopsie déjà réalisée : visualisation du trait de scie crânien, lié à la réalisation d’une première autopsie médico-légale.
3- Reconstruction 3D thoracique en MinIP dans un contexte de traumatisme balistique thoracique : visualisation de trajets balistiques intra parenchymateux pulmonaires.
4- Reconstruction 3D lombaire en MIP dans un contexte de traumatisme : visualisation de fracture d’apophyses épineuses, difficiles à diagnostiquer en autopsie.
 

    

Fabrice DEDOUIT, MCU-PH, Service de médecine légale, CHU Toulouse
Président de l’ISFRI 2022/2023