Patients sourds et malentendants : quand les manipulateurs signent !

Tout part d’un constat au retour d’une formation au niveau 1 de la langue des signes : peu de choses sont adaptées pour la prise en charge des patients sourds et malentendants dans le service d’IRM.

Au CHU de Bordeaux, nous nous sommes interrogés sur les moyens humaines et techniques dont nous disposons pour améliorer leur prise en charge. Comment pouvons nous améliorer le circuit des patients sourds et malentendants de la prise de rendez-vous à la réalisation des examens.
 

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En France, 4 millions de personnes souffrent d’une déficience auditive parmi elles 300000 sont sourds de naissance ou le sont devenus. Un tiers de ces personnes pratique la LSF. 

Il faut savoir que 80% des sourds sont illettrés, ce pourcentage tend à diminuer avec la nouvelle génération bien plus connectées notamment via les smartphones.

La lutte contre le handicap étant une priorité au CHU de Bordeaux, le service d’imagerie et plus spécifiquement l’équipe d’IRM s’est interrogée sur l’optimisation de la prise en charge de ces patients.
Un constat s’est imposé : un manque d’équité de prise en charge entre patients entendants et patients sourds et malentendants.
 

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Matériel et méthode
La réflexion s’est faite sur le parcours du patient au sein du service IRM : de l’accueil à la remise des résultats. 
En pré examen, nous avons créé une alarme sur notre système informatique pour identifier les patients sourds et malentendants. 
Ensuite nous avons confectionné 2 types de badges : un badge avec le logo porté par les manips qui pratiquent la langue des signes et un badge bleu qui est proposé aux patients dès l’accueil et qu’ils portent en salle d’attente. 
Dès que le patient est accueilli, le manip peut aller le chercher en salle d’attente et pourra le repérer grâce au badge. Par ce biais les patients se disent tranquillisés car ils sont souvent paniqués à l’idée de ne pas comprendre qu’ils sont en train d’être appelés.

Le questionnaire des contre-indications à l’IRM a été traduit en LSF puis les vidéos ont été installées sur une tablette. 
L’acquisition d’une machine de dernière génération avec expérience immersive nous a permis d’ajouter des vidéos de consignes telle que la gestion des mouvements ou de l’apnée, l’indication de la durée d’examen ou encore l’injection du PDC. Ces vidéos sont déclenchées au moment opportun durant l’examen.

Résultats
Les résultats constatés tout d’abord pour l’équipe avec une implication de l’équipe entière de manipulateurs de l’IRM car au-delà de ceux qui partent en formation, les autres se chargent d’assurer le bon fonctionnement du service. Par ailleurs, la collaboration médico-soignante s’est retrouvée renforcée notamment par l’aide à la communication car les manipulateurs peuvent recueillir des renseignements supplémentaires facilitant ainsi le compte rendu des radiologues.
Pour les patients, ils sont plus sereins et coopérants. Les images sont plus qualitatives même si cela reste encore à évaluer de manière plus approfondie Nous travaillons sur une enquête de satisfaction afin d’adapter le support actuel et le traduire en LSF.

Ce projet représente une véritable source de motivation pour les MERM formés, il répond à un besoin spécifique pou rassurer une prise en charge équitable. 

 

Source : Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances

 

Claire HASCOET : Cadre de santé
Cécile MATA : Manipulatrice en radiologie 
Hôpital Pellegrin –CHU de BORDEAUX
 


Conclusion
La possibilité de se former, l’accompagnement de l’encadrement et l’acquisition de matériel ont permis à ce projet de voir le jour et de dépasser les attentes.

Il y a également une volonté de poursuivre les formations, de réaliser des vidéos supplémentaires à diffuser à l’accueil de l’imagerie, en salle d’attente.

Les perspectives sont d’étendre le projet sur les autres modalités du plateau d’imagerie, sur les différent sites du CHU et pourquoi pas sur d’autres centres…