Mars bleu : le mois de la prévention et du dépistage du cancer colorectal en France

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Mars bleu est la campagne nationale de prévention du cancer colorectal, lancée tous les ans par le ministère de la Santé et l’Institut National du Cancer, qui fait la promotion du dépistage par le test immunologique, test fécal simple qui permet de détecter précocement les polypes (précancéreux) et les cancers colorectaux pour améliorer le pronostic. Elle diffuse aussi les règles hygiéno-diététiques de prévention primaire, telle que la lutte contre le surpoids et la surconsommation de viande rouge et d’aliments transformés et incite à la consommation régulière de fibres alimentaires et à la pratique d’une activité physique. 

En France, avec plus de 43 000 nouveaux cas chaque année et plus de 17 000 décès, le cancer colorectal fait partie des cancers les plus fréquents et représente la 2ème cause de décès par cancer. Un autre constat préoccupant s’ajoute à cette réalité :  le taux de participation au dépistage du cancer colorectal n'est que de 33% environ (1).


En pratique, les personnes ayant entre 50 et 74 ans reçoivent à domicile tous les deux ans une invitation à réaliser le test, qui a pour but de chercher la présence de sang dans la selles. Pour ce faire, un kit est disponible soit chez le médecin traitant, soit à la pharmacie, soit via une commande sur le site internet de l’Assurance Maladie (monkit.depistage-colorectal.fr), qui assure la livraison à domicile. Il consiste en un auto-test dont la réalisation à domicile dure moins de 5 minutes. Il est ensuite à envoyer par voie postale, via une enveloppe fournie dans le kit. La démarche est entièrement prise en charge par l’assurance Maladie.


Trois niveaux de risque de cancer colorectal sont classiquement définis dans la population. Le test cible les personnes à risque moyen (pas de symptôme, pas d’antécédent familial de cancer colorectal ou de polype avancé) qui représentent 80 % de la population (3 à 4 % de risque de cancer colorectal sur la vue entière) (2).  


Les personnes à risque élevé ou très élevé (antécédents familiaux, prédisposition génétique au cancer colorectal) nécessitent un dépistage par coloscopie, dont le rythme est à définir en consultation de gastroentérologie, voire de génétique. 


Le test est positif dans 4 à 5 % des cas, ce qui doit déclencher une consultation de gastroentérologie rapprochée afin de programmer une coloscopie, d’en expliquer les modalités et les complications potentielles, qui sont rares. Une filière rapide de consultation est organisée dans certains centres, comme le nôtre.   


Dans cette situation, la coloscopie détecte environ 5 à 8 % de cancers colorectaux (dont deux tiers à un stade précoce, c’est-à-dure curable et avec un risque faible de récidive), 35 % d’adénomes avancés, 20 % d’adénomes non avancés. Ces adénomes (polypes) sont très généralement retirés lors de la même coloscopie. Dans 35 à 40 % des cas, la coloscopie est normale (2).   


En cas de refus de la coloscopie (après information éclairée) ou de contre-indication à l’anesthésie générale, il est possible de proposer une coloscopie virtuelle qui consiste en un coloscanner à l’air ou au dioxyde de carbone. La coloscopie virtuelle présente un intérêt diagnostique important pour les lésions colorectales de plus de 10 mm, un intérêt modéré pour celles de plus de 6 mm et un intérêt faible pour les lésions 6 mm et moins et les lésion planes (3)


En cas de lésion suspecte identifiée sur cet examen, une évaluation anesthésiologique plus poussée peut-être demandée. Il peut aussi être proposé une coloscopie sous Protoxyde d’azote. 


Dépisté tôt, le taux de guérison des cancers colorectaux est supérieur à 90 %. Qu’attendons-nous pour faire mieux ?   

Dr Gaël Goujon
Gastroentérologie, Hépatologie, Oncologie digestif 
Responsable RCP Cancer colorectal et tumeurs du tube digestif (sites Bichat et Beaujon) 
Hôpital Bichat, Paris 

Image
Côlon géant

  

 

 

 

Visite du côlon géant à l’hôpital Bichat le 30/03/23 lors de l’opération Mars bleu (prêt du matériel : Ligue Contre le Cancer).

 

 

 

 

 

(1) Bases de données : Francim/HCL/SpFrance/INCa, 2022. 
(2) Denis B et al, Hepato-Gastro & Oncologie digestive, 2022. Faecal immunochemical tests: ressembling a Swiss army knife.  
(3) HAS report : virtual colonoscopy. Meta-analysis of diagnostic value. Indications and conditions of use. Acta Endosc. 2010