L’attractivité du métier de Manipulateur se joue aussi par les trajectoires offertes…

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Les quatre conseils nationaux professionnels (CNP) des manipulateurs d’électroradiologie médicale, de radiologie, de médecine nucléaire et d’oncologie demandent « Une profonde réflexion sur les actions à mettre en œuvre pour conforter les effectifs et l’attractivité de la profession de MEM ».

Les quatre conseils nationaux professionnels (CNP) des manipulateurs d’électroradiologie médicale, de radiologie, de médecine nucléaire et d’oncologie demandent « Une profonde réflexion sur les actions à mettre en œuvre pour conforter les effectifs et l’attractivité de la profession de MEM »(1)

Le contexte général des professions de santé est tendu. La crise sanitaire n’en est évidemment pas la cause, mais très vraisemblablement le révélateur. Les conditions de travail se sont dégradées progressivement, masquées par la tenue courageuse des professionnels englués dans leurs valeurs et leur éthique professionnelles.

En parallèle, et pour ne parler que de l’imagerie, développement de la radiologie interventionnelle, promotion des soins personnalisés grâce à des diagnostics prédictifs, avènement de la santé numérique, de l’intelligence artificielle… l’environnement professionnel scientifique et technologique poursuit son évolution et sa trajectoire exponentielle. Le besoin d’adaptation est majeur, il entraine nécessairement l’exigence de montée en compétences des manipulateurs pour répondre aux nouvelles technologies et nouvelles pratiques.

L’ensemble des acteurs de l’écosystème voient leurs points de vue s’accorder sur ce constat : activités de soins mal couvertes et labilité des compétences, impérieuse nécessité d’assurer ces évolutions et sécuriser les soins par la structuration de socles de formation complémentaires.

Les constructeurs sont en recherche de professionnels pour leur propre compte mais aussi in situ dans les services pour une utilisation des équipements pertinente et optimisée dans le soin. Ils expriment et constatent des usages trop routiniers.  

Les services d’imagerie sont sollicités dans plus de 80 % des parcours de soins. Les équipes cliniques d’amont, d’aval, de ville… sont en attente de transmissions plus rapides, d’échanges plus fluides, de coordination des interventions.

Les installations multimodales envahissent l’espace, entrent dans les blocs opératoires tissant des liens de plus en plus serrés entre activités interventionnelles et chirurgicales et exigent la présence de professionnels d’imagerie et des compétences nouvelles.

Au plus près, dans les services, manipulateurs et médecins constituent des équipes complémentaires dans leurs exercices, solidaires dans leurs responsabilités, soudés dans leurs difficultés.

Et aujourd’hui, les difficultés sont nombreuses, accentuées par la démographie défaillante, tant pour les médecins que pour les manipulateurs… Alors comment gérer les activités qui augmentent en quantité et diversité, et les ressources humaines déficientes ? Des réponses ont été proposées…

Pour ce qui concerne la démographie, et avant même toutes remarques tutélaires, des actions ont été conduites pour inverser la course démographique par les centres de formation, tant DE que DTS. Ils ont augmenté leurs effectifs étudiants de manière significative, puisque + 21% de places ont été ouvertes entre 2020 et 2023, et cette courbe se poursuit en 2024.

Les évolutions d’activités quant à elles ont pu bénéficier des protocoles de coopération initiés par les travaux du Professeur BERLAND (2004). Ils ont sûrement été trop peu mobilisés, cependant, deux sont notablement contributifs en imagerie : l’échographie d’acquisition (plus de 800 manipulateurs exercent) et la pose de PICC Line. Ils montrent leur efficacité pour la qualité et la fluidification des soins ainsi organisés. Ils permettent de rendre lisibles les modifications d’attendus professionnels, de discerner les upgrades indispensables de compétences. Ces résultats sont relevés dans les rapports IGAS IGAENR, dans lequel les entretiens avec les acteurs ont guidé les 26 recommandations posées, ciblant l’orientation vers la structuration de nouveaux métiers à l’autonomie et responsabilités augmentées.

Aujourd’hui, l’attraction pour la poursuite de formation est forte. Les professionnels en poste désertent les rangs, sans que soient quantifiés finement ces départs. De même, l’appétence pour la poursuite de formation immédiate embarque 5 à 8 % des jeunes diplômés chaque année, pour qui les ambitions invoquées sont l’approfondissement disciplinaire et le souhait de diplomation supérieure.

Les formations universitaires ouvertes aux MEM (DU, DIU, Masters), avec des parcours spécifiques ou non, doivent être soutenues, cependant elles n’apportent aucune modification, ni du statut professionnel, ni au plan de l’exercice. Elles ne répondent que partiellement aux besoins.

Recommandation 22(1) : Engager avec les sociétés savantes et les professionnels de l’imagerie une démarche d’identification et de construction de pratiques avancées ou de spécialités pour les MEM.

Soucieux de la continuité d’activités, de l’excellence des interventions et de la satisfaction des équipes, les associations professionnelles, sociétés savantes et CNP nous ont regroupé MEM et médecins, lors de colloques et congrès (Nancy, Nîmes, Avignon), pour conduire des réflexions et vers des choix éclairés et concertés.  

Le maintien d’un métier socle polyvalent pour les 4 disciplines n’est pas remis en cause, compétences cœur de métier identiques et assure aux MEM les possibilités de mobilité.

Ainsi, dans la dynamique de l’universitarisation des formations en santé, la réflexion porte vers un niveau supérieur sur le schéma des Masters. Des axes sont identifiés en imagerie, médecine nucléaire, radiothérapie qu’il convient de prioriser, structurer et coconstruire ensemble, professionnels médicaux et non médicaux concernés.

Avec le même enthousiasme et la même dynamique que les équipes mettent toujours à pousser plus loin l’excellence et l’innovation, en cohérence avec l’ensemble des inspections générales et parlementaires, avec le Ministère de la Santé et prévention et le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, nous espérons construire vite un métier nouveau, en position sécante et complémentaire aux métiers existants, garant de plus d’attractivité et fidélisation dans le secteur d’activités.   

 

(1) Manipulateur en électroradiologie médicale : un métier en tension, une attractivité à renforcer. Rapport IGAS Février 2021