La transplantation hépatique des métastases de cancer colorectal : une nouvelle option à prendre en compte en radiologie interventionnelle ?
(Liver transplantation plus chemotherapy versus chemotherapy alone in patients with permanently unresectable colorectal liver metastases (TransMet): results from a multicentre, open-label, prospective, randomised controlled trial) [1]
Lors d’une précédente veille nous avions proposé l’essai multicentrique COLLISION [2] montrant la non-infériorité de la thermoablation versus la chirurgie et la morbidité moindre pour les métastases mesurant moins de 3 cm. Nous disposons maintenant d’une preuve de l’intérêt majeur de nos traitements dans la maladie colorectale métastatique.

En parallèle de la thermoablation, les radiologues interventionnels proposent un certain nombre de traitements dans ce contexte : embolisation portale, chimio-embolisation, chimiothérapie intra-artérielle, poses de fiduciels, électroporation irréversible, radio-embolisation. Il est donc naturel de se poser la question de la place de nos traitements par rapport aux techniques complémentaires ou concurrentielles.
La transplantation hépatique vient rebattre ces cartes. Dans l’essai TransMet, la transplantation en plus de la chimiothérapie a été comparée à la chimiothérapie seule. L’essai a été publié dans le Lancet en septembre 2024. Les critères principaux d’inclusion étaient la présence d’une maladie foie-exclusive, non résécable, et stable sous traitements. L’objectif principal était la survie globale à cinq ans.
Près de 100 patients ont été randomisés 1 :1. La survie globale à cinq ans était de 56∙6% (95% CI 43∙2−74∙1) dans le groupe de transplantation et 12∙6% (5∙2–30∙1) dans le groupe sans transplantation en intention de traiter, avec des chiffres encore plus impressionnants dans l’analyse per protocole. Au-delà de la discussion concernant la faisabilité d’une telle technique à grande échelle, de la disponibilité des greffons, ou de la morbidité du geste, cette étude apporte clairement une option supplémentaire pour la rémission des patients avec maladie non résécable.

Il s’agira dans les années à venir de savoir comment nous devons adapter nos traitements à la potentialité d’une transplantation. Par exemple, la redistribution vasculaire ou l’embolisation de collatérales (gastrique droite, gastro duodénale) doivent être réalisées après discussion avec le chirurgien et ne doivent pas compromettre la transplantation.
En attendant les nouvelles recommandations et pratiques cliniques, cet essai suggère une fois de plus que les traitements locorégionaux au sens large peuvent induire une rémission dans la maladie colorectale métastatique, à condition de bien sélectionner les patients avant de proposer des traitements ambitieux.
REFERENCES
[1] Adam R, Piedvache C, Chiche L, Adam JP, Salamé E, Bucur P, et al. Liver transplantation plus chemotherapy versus chemotherapy alone in patients with permanently unresectable colorectal liver metastases (TransMet): results from a multicentre, open-label, prospective, randomised controlled trial. The Lancet 2024;404:1107–18. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(24)01595-2.
[2] Meijerink MR, van der Lei S, Dijkstra M, Versteeg KS, Buffart TE, Lissenberg-Witte BI, et al. Surgery versus thermal ablation for small-size colorectal liver metastases (COLLISION): An international, multicenter, phase III randomized controlled trial. JCO 2024;42:LBA3501–LBA3501. https://doi.org/10.1200/JCO.2024.42.17_suppl.LBA3501.
Tom BOEKEN pour la FRI