De la révolution photonique à celle de l’intelligence artificielle : découvrez le scanner de demain !

Le scanner est-il devenu désuet ? Cette séance démontre le contraire !
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Le scanner à comptage photonique, dont le seul prototype commercialisé est le Naetom de Siemens, permet, grâce à sa technologie de détecteur utilisant une conversion directe de l’énergie des photons, d'obtenir une très haute résolution spatiale (0,2mm), un meilleur contraste, une réduction du bruit, et donc des doses, ainsi qu'une utilisation des informations spectrales. Le Pr Pontana (Lille, France) et le Pr Balleyguier (Villejuif, France) nous ont présenté les différentes applications en imagerie cardiovasculaire et oncologique.

Quelles applications en imagerie cardiovasculaire ?

La principale : dans l’étude des coronaires, l’ultra haute résolution spatiale permet une meilleure estimation des sténoses, avec très peu d’artéfacts de blooming. Ceci est particulièrement intéressant dans l’étude des sténoses calcifiées, mais aussi dans l’évaluation des plaques hypodenses dites « à risque ». Au-delà de l’évaluation des sténoses coronaires, l’utilisation du mode spectral permet l’étude du rehaussement tardif dans le cadre par exemple d’évaluation de myocardite ou de cardiomyopathie. En travaillant à basse énergie, on met évidence le réhaussement tardif myocardique de manière relativement spectaculaire. Enfin dans le cadre de la pathologie vasculaire, l’imagerie spectrale permet de se passer de l’acquisition sans IV dans les syndrome thoraciques aigüs, mais également d’obtenir un contraste de très bonne qualité avec peu de produit de contraste dans les angioscanners pulmonaires.

Concernant l’imagerie oncologique, les applications sont vastes :

Elle permet tout d’abord d’obtenir une réduction de dose de 20 à 30 % chez des patients souvent multi-imagés. L’amélioration du contraste est très intéressante dans de nombreux domaines : citons par exemple l’infiltration de la carcinose péritonéale, les cancers ORL, les tumeurs du pancréas, mais aussi les lésions hyper-vasculaires hépatiques. L’amélioration de la résolution spatiale permet également une étude vasculaire précise, utile en pré-thérapeutique dans le cadre de planification de geste de RI. L’intérêt en pédiatrie est également grand, que ce soit grâce à la réduction de dose, à la résolution spatiale élevée, ou à l’utilisation du mode flash qui permet une résolution temporelle exceptionnelle.

Il existe donc un large éventail d’applications, sans compter les avancées en imagerie de l’os temporal, pour lesquelles la résolution spatiale va révolutionner l’interprétation de ces scanners.

Mais l’IA va-t-elle remplacer le scanner ?

C’est la question posée par le Dr Guillaume Herpe (Poitiers, France), qui présente le scanner synthétique. Le scanner synthétique est la génération d’images "scanner-like" à partir d’une autre modalité, le plus souvent l’IRM. Deux principales techniques existent : la technique basée sur la densité apparente, utilisant des séquences d’IRM optimisées, ou la technique basée sur l’IA, utilisant des réseaux GAN (Generative Adversarial Network) conditionnels.

Le scanner synthétique peut s’appliquer à trois grands domaines :

  1. La réduction de dose dans le cadre d’examens répétés, notamment en pédiatrie. Par exemple, le suivi de la mucoviscidose par IRM thoracique avec scanner synthétique mais aussi pour le suivi et la planification opératoire de la scoliose.
  2. Le domaine thérapeutique, dans le cadre du "MR only workflow" pour la planification des traitements par radiothérapie.
  3. L’amélioration diagnostique : combiner les données d’une IRM et d’un scanner permet nécessairement d'améliorer la précision diagnostique par rapport à une IRM seule.

L’inconvénient est souvent la qualité des images, qui n’est pas toujours diagnostique. Cependant, si les informations du scanner synthétique sont suffisantes, comme c’est le cas pour la planification opératoire ou radiothérapeutique, le bénéfice est déjà là !

 

En résumé : le scanner a encore de beaux jours devant lui !