JO Los Angeles 84, 40 ans déjà !
A l’aube de l’ouverture des JO Paris 2024, quelques souvenirs et réflexions me viennent forcément à l’esprit. J’ai eu la chance et l’opportunité de participer aux JO de Los Angeles 84 (3ème) puis à ceux de SEOUL 88 (9ème) en kayak course en ligne. Ce parcours s’est forcément superposé à celui de mon cursus médical, et une synergie a pu s’opérer, en essayant de prioriser les objectifs en fonction des années. Ce qui a aussi été rendu possible grâce à l’aide de mon entourage.

Ces 8 années olympiques ont été riches en émotion et en sentiments parfois contrastés, que je me propose d’évoquer ici à travers une suite de réflexions et constats dans différents domaines :
Etudes et performances : Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le fait d’être étudiant en médecine ne m’a pas beaucoup aidé dans ma préparation, celle-ci étant en réalité très empirique. Nous n’avions pas ou peu de suivi médical. De gros progrès ont été réalisés au cours des 20 dernieres années, même si le sport de haut niveau ne sera jamais une science exacte et que les certitudes d’un jour sont souvent remises le lendemain en question. Programmer une performance reste quelque chose de très délicat et la différence entre un champion et un grand champion réside dans le fait que ce dernier répondra présent lors des grandes échéances.
Le double projet école/sport de haut niveau : il n’a pas été très compliqué pour moi, la passion et la motivation effaçant souvent les difficultés. Néanmoins, j’avoue avoir été plus souvent sur l’eau qu’à la fac durant mon externat, ayant aussi la fâcheuse tendance à m’endormir avec un poly dans les mains. Il m’a également fallu faire un break d’une année pour préparer l’internat !
Santé : le sport de haut niveau protège …mais est souvent responsable de pathologies traumatiques ou micro-traumatiques dont il faut être conscient.
L’après-sport et la reconversion : j’ai eu la chance d’arrêter ma carrière en enchainant internat puis clinicat à Henri Mondor. J’ai rencontré durant mon cursus des gens passionnants qui m’ont permis progressivement de découvrir un autre horizon. L’univers sportif est un monde assez clos. Y rester cantonné n’est pas toujours bénéfique et les dépressions sont fréquentes à l’arrêt. Certains de mes équipiers n’y ont pas échappé. Le conseil que je donne aux sportifs de haut niveau que je croise est de se préparer à cette échéance, une des plus belles médailles étant celle de la reconversion professionnelle.
Professionnellement, cette discipline du haut niveau m’a probablement aidé. Je suis actuellement spécialisé dans la pathologie musculo-squelettique et éprouve un grand plaisir à m’occuper des sportifs quelque soit leur niveau
Le sport vecteur d’ouverture et de promotion sociale. Ce que je retiens surtout de ces 8 années, c’est l’aventure humaine, les rencontres et l’ouverture sur un monde que je ne connaissais pas , étant issu d’un milieu modeste et peu sportif.
Le sport toujours : Je continue aujourd’hui encore à pratiquer. Je suis passé par l’alpinisme, le VTT et continue actuellement à faire du sauvetage côtier et des courses de longue distance en mer en surf ski (kayak).
En conclusion, je dirais que mon regard sur les JO aujourd’hui est assez ambivalent. Cela restera bien entendu un moment formidable, riche en émotion et moments de partage pour celle ou celui qui aura la chance d’y participer.. Mais l’évolution que connaît aujourd’hui le sport peut aussi amener des dérives délétères. L’argent et les médias sont de plus en plus prioritaires et certains choix se font parfois au détriment des critères sportifs. On peut aussi voir un sport être quelque peu dénaturé, au profit de la notion de spectacle, et voir ainsi des règles sportives changer.
Je suis bien évidemment conscient de certaines contraintes de médiatisation ou d’attraction des jeunes à travers de nouveaux sports ou disciplines, mais j’aimerais voir ainsi intégré au programme des Jeux Olympiques des disciplines dont les valeurs colleraient plus aux valeurs initiales de l’olympisme. L’intégration d’un sport tel que le Sauvetage Côtier par exemple serait à mon sens une excellente chose.
Autant de mesures et de « garde-fous » qui je le crois sont importantes à garder en tête pour que la magie des Jeux perdure encore longtemps.
Didier Vavasseur
OCEAN IMAGERIE- BIARRITZ