Impact de l’épidémie de bronchiolite sur un service de radiologie pédiatrique

Comme l’année dernière, le début des épidémies hivernales est cette année plus intense et précoce comparativement aux années antérieures à la pandémie de SARS-Cov2. A l’APHP, pendant 3 semaines consécutives en novembre 2022, les bronchiolites chez les enfants de moins de 2 ans ont représenté 50% des hospitalisations. L’hypothèse est celle d’un rebond immunitaire suite aux mesures barrières liées au COVID pour expliquer la virulence et la précocité de l’épidémie d’infections bronchopulmonaires notamment à VRS (Virus Respiratoire Syncytial).

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La bronchiolite est une infection virale responsable d’une inflammation des petites bronches. Elle atteint typiquement les enfants de moins de deux ans et est caractérisée par une toux et une respiration sifflante. Sur le plan physiopathologique, il existe une obstruction bronchique, à la fois par l’accumulation de mucus dans leur lumière et par l’inflammation de la paroi bronchique. 

Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), les formes légères et modérées ne requièrent de radiographie thoracique. En revanche, la radiographie peut être réalisée en cas de forme grave, c’est-à-dire s’il existe une hypotonie, un comportement inhabituel, une fréquence respiratoire >60/min ou <30/min, une fréquence cardiaque >180/min ou <80/min, s’il existe des pauses respiratoires, une respiration superficielle, une Sa02<92% ou une cyanose, des signes de lutte respiratoire intenses et enfin, s’il existe un refus alimentaire ou une diminution significative de l’alimentation (1)
(https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-11/hascnpp_bronchiolite_fiche_outil_pec_bronchiolite_coi_2019_10_10_vd.pdf). 

La bronchiolite est responsable d’une inflammation de la paroi bronchique, d’un piégeage aérique et de troubles de ventilation distaux, qui se traduisent en radiographie thoracique par les signes suivants (Figure 1) (2) :

  • Distension thoracique
  • Epaississements péribronchiques
  • Atélectasies en bandes
  • Opacités alvéolaires localisées ou multifocales
  • Complications : condensation parenchymateuse, atélectasies

 

Même si la demande de radiographies thoraciques pour bronchiolite est maitrisée grâce aux recommandations de la HAS, l’intensité de l’épidémie actuelle a un impact sur les services de radiologie. En effet, si on s’intéresse aux radiographies thoraciques réalisées dans un service de radiologie pédiatrique de l’APHP (hôpital Armand-Trousseau) chez les enfants de moins de 2 ans, adressés par le SAU, on constate que leur nombre augmente dans les mêmes proportions que celle de l’épidémie (Figure 2). Si classiquement, le pic du nombre de radiographies était atteint en novembre, culminait en décembre pour diminuer en janvier, on constate en 2021 et 2022 que le pic survient plus précocement, en octobre, qu’il est plus élevé cette année et ne montre, pour le moment, pas de signes de fléchissement. Une augmentation du nombre de radiographies chez des enfants de moins de 2 ans nécessite d’une part une équipe de manipulateurs formés à l’imagerie pédiatrique et d’autre part, une validation des demandes et une interprétation par un radiologue afin d’assurer la permanence des soins (PDS). Avec des équipes réduites de manipulateurs et de radiopédiatres et internes en radiologie, les tensions pour maintenir la PDS sont extrêmement intenses. Les difficultés rencontrées dans les services de radiologie pédiatriques sont accrues et évoluent parallèlement à celles des autres services (réanimation médicale, pneumologie, pédiatrie générale) prenant en charge les enfants atteints d’une bronchiolite. La reconnaissance de la spécificité d’une prise en charge en radiologie pédiatrique pour ces enfants est plus que jamais d’actualité.

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Figure 1 : Radiographie de thorax de face chez un nourrisson de 1 mois présentant une toux et des signes de lutte respiratoires. Aspect de bronchiolite aiguë, à la phase spastique, non compliquée avec présence d’une distension thoracique (hyperclarté des bases pulmonaires, horizontalisation des coupoles diaphragmatiques et des côtes, 7 arcs costaux antérieurs) et d’épaississements péribronchiques.

 

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Figure 2 : Nombre de radiographies réalisées chez des enfants de moins de 2 ans dans le service de radiologie pédiatrique de l’hôpital Armand-Trousseau. Saisons 2018-2019 à 2022-2023 (Données PACS Trousseau)

 

 

Références :

  1. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-11/hascnpp_bronchiolite_fiche_outil_pec_bronchiolite_coi_2019_10_10_vd.pdf
  2. C Durand, E Grangette « Fièvre et toux » Imagerie des urgences en pédiatrie, Collection « Les syllabus de la SFR », Editions Elsevier-Masson

 

Pr Eléonore Blondiaux, APHP-Sorbonne Université, Service de Radiologie, Hôpital Armand-Trousseau, 75012 Paris

Pr Hubert Ducou le Pointe, APHP-Sorbonne Université, Service de Radiologie, Hôpital Armand-Trousseau, 75012 Paris

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