Imagerie et santé mentale​​​​​​​​

​L’introduction de l’Imagerie par résonnance magnétique (IRM) dans la recherche a donné une impulsion considérable à la psychiatrie offrant de nouveaux modèles de compréhension des maladies mentales ainsi que des innovations thérapeutiques (thérapies guidées par l’image).

 

L’IRM va permettre de répondre aux différents enjeux induits par les pathologies psychiatriques, notamment la difficulté diagnostique (porosité entre différents diagnostics, absence de biomarqueur objectif, manque de base physiopathologique...) et le manque d’outil pour proposer et suivre un traitement personnalisé. L’IRM devrait donc dans les prochaines années, non pas simplement éliminer les diagnostics différentiels, mais aider à poser un diagnostic positif et accompagner le suivi personnalisé du patient.

 

L’imagerie par résonnance magnétique se positionne en première ligne pour répondre aux besoins des pratiques actuelles en psychiatrie :

• Écarter un diagnostic différentiel (1 à 2 % des patients admis en psychiatrie souffre d’un trouble associé à une atteinte organique) ;

• Identifier une pathologie associée ou son retentissement cérébral qui nécessiterait d’être prise en compte dans l’élaboration du projet thérapeutique (maladie de système, diabète, séquelle de traumatisme crânien ou de pathologie neurologique connue) ;

• Identifier des complications du trouble psychiatrique (retentissement cérébral des addictions, de l’infection par HIV...).

L’imagerie fonctionnelle et l’intelligence artificielle donnent lieu à des innovations majeures au bénéfice du patient. L’intelligence artificielle permet maintenant de détecter des anomalies cérébrales subtiles pour les patients à risque de développer une maladie psychiatrique. Cette technologie (nommée apprentissage de variété) a retrouvé chez les patients porteurs de troubles du spectre autistique ou encore de troubles obsessionnels compulsifs des particularités cérébrales dont la détection précoce serait à même d’aider à une prise en charge thérapeutique adaptée de ces patients.

L’IRM fonctionnelle de repos (IRMfr) permet d’analyser les modifications de connectivité fonctionnelle cérébrale. Cette IRM repose sur l’analyse au sein de différentes régions cérébrales du signal BOLD (Blood Oxygen Level Dependent) au cours du temps, lequel dépend de la variation de concentration locale de désoxyhémoglobine. Cette concentration fluctue en fonction de l’activation de la région cérébrale étudiée. Ainsi, l’IRMfr recueille des séries temporelles de ce signal en différents points du cerveau. Il est ensuite possible de corréler ces séries temporelles entre différentes régions d’intérêt, pour apprécier la force de leur connectivité.

Plusieurs études basées sur l’IRMfr dans les maladies psychiatriques ont permis d’objectiver des anomalies de connectivité fonctionnelle spécifiques aux différentes pathologies.

 

Jean-Pierre Pruvo​ pour la SFR Actu' Novembre 2022