Dépistage des cancers du poumon : mise en place d'un programme pilote (INCA)

Le cancer du poumon représente le 3ème cancer le plus fréquent en France avec 46 300 nouveaux cas en 2018 et la première cause de décès par cancer avec plus de 33 100 décès.

Poumon
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De façon préoccupante, son taux d’incidence a augmenté de 5% chez les femmes entre 2010 et 2018.

Le taux de survie nette à 5 ans de cette pathologie pour les personnes diagnostiquées tous stades confondus est de 20 %, la classant parmi les cancers de mauvais pronostic. Souvent diagnostiqués à un stade avancé (stade IV avec extension métastatique dans 40 à 55 % des cas), la survie à 5 ans des patients n’est alors que de 4 %.

Le tabac est le premier facteur de risque responsable de 8 cancers du poumon sur dix.

La mise en place d’un programme de dépistage des cancers broncho-pulmonaires (CBP) est inscrite dans la Stratégie décennale de lutte contre les cancers lancée le 4 février 2021 par le président de la République. Son axe 1 “Améliorer la prévention” intègre l’étude de la faisabilité d’un tel dépistage qui participe également à la lutte contre les cancers de mauvais pronostic (axe 3 de la stratégie) dont le cancer du poumon fait partie. Ce programme devra être couplé à des interventions de prévention visant au sevrage tabagique et à l’information personnalisée quant au risqué lié au tabagisme, premier facteur de risque évitable de cancers

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Plusieurs essais cliniques contrôlés randomisés de grande envergure (NLST, NELSON, MILD, LUSI, UKLS…) ont montré l’efficacité du scanner thoracique faible dose pour le dépistage des CBP chez les fumeurs et anciens fumeurs, permettant, lorsqu’il est associé à une incitation au sevrage tabagique, une diminution significative de la mortalité spécifique par cancer du poumon.

Début 2022, la HAS a actualisé sa position de 2016 sur le dépistage des CBP par scanner faible dose chez les fumeurs et anciens fumeurs. Les travaux menés dans le cadre de ce rapport ont permis d’analyser les nouvelles données disponibles et confirmer la diminution de la mortalité spécifique grâce au dépistage par scanner faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac. En conclusion de son rapport, la HAS indique qu’il est cependant nécessaire, pour organiser au mieux le déploiement d’un programme de dépistage à l’échelle de la population, de documenter certains points tels que le surdiagnostic, les faux-positifs, le risque de cancers radio-induits et recommande, en ce sens, la conduite d’expérimentations en vie réelle et l’engagement par l’Institut national du cancer d’un programme pilote de dépistage des CBP par scanner faible dose.

Engagé depuis 2015 dans le financement de nombreux projets de recherche sur le dépistage des cancers du poumon, l’INCA travaille actuellement à la mise en place d’un programme pilote dont la première étape réside dans la constitution d’un groupe de travail intégrant l’ensemble des parties prenantes (radiologues, pneumologues, chirurgiens thoraciques, oncologues, médecins généralistes, épidémiologistes, usagers du système de santé …).  Les experts devront définir le cahier des charges du programme pilote en se fondant sur les résultats des essais cliniques probants et identifier les recherches et études complémentaires qu’il sera nécessaire d’engager pour documenter une partie des points soulevés par la HAS.

Le programme pilote devrait être mis en place courant 2023 dans les centres qui auront été sélectionnés sur la base du cahier des charges établi par l’INCA et les experts. 

À partir des données issues de ce programme pilote mais également des études complémentaires, il sera possible d’affiner les contours et les conditions de mise en œuvre d’un futur programme de dépistage organisé des CBP. Il est aujourd’hui prématuré de s’engager précisément sur des délais de mise en œuvre d’un programme à l’échelle de la population mais le déploiement d’un programme national pourrait être initié à un horizon de 5 ans.

 

Florie FILLOL, Responsable de Projets Prévention INCA