Chimio-embolisation artérielle hépatique : fin du règne ?

La chimio-embolisation artérielle hépatique (CEAH) est, depuis 20 ans, le traitement de référence du carcinome hépatocellulaire (CHC) au stade intermédiaire de la classification de Barcelone (BCLC). Une étude randomisée de phase III parue en septembre dernier dans le Journal of Clinical Oncology (1), a comparé la CEAH lipiodolée (n = 156) et la chimiothérapie intra-artérielle hépatique (CIAH) au FOLFOX (n = 159) pour des CHC non résecables solitaires ≥ 7 cm (BCLC-A) ou multiples dont une des lésions est ≥ 7 cm (BCLC-B).

La CIAH était supérieure à la CEAH en termes de réponse tumorale objective en mRECIST (48 vs 33 %, p = 0,004), de survie sans progression (10 versus 5 mois, p < 0,001) et de survie globale (23 versus 16 mois (HR = 0,58 ; p < 0,001). Les effets indésirables sévères étaient moins fréquents après une CIAH (19 vs 30%), notamment les détériorations des fonctions hépatiques.

Cette étude, bien que en faveur de la CIAH, s’adresse à une population asiatique avec une majorité de CHC secondaire à une hépatite virale B, ce qui limite son application en Occident. Elle intervient au moment où la radio-embolisation apparait dans l’algorithme du BCLC pour les tumeurs volumineuses (2) et ou l’immunothérapie systémique est en cours d’évaluation dans l’algorithme pour les patients BCLC B qui vont jouer un nouveau rôle dans l’algorithme thérapeutique du CHC et probablement redéfinir les indications de la CEAH.

Références :
(1)    Li QJ et al. Hepatic Arterial Infusion of Oxaliplatin, Fluorouracil, and Leucovorin Versus Transarterial Chemoembolization for Large Hepatocellular Carcinoma: A Randomized Phase III Trial. J Clin Oncol. 2021.
(2)    Reig, Maria et al. BCLC strategy for prognosis prediction and treatment recommendation: The 2022 update. Journal of Hepatology, 2021.

 

Farouk Tradi - CHU Marseille