Amélioration de l'identification des bons candidats pour le traitement par radio-embolisation transartérielle à l'Yttrium-90 du carcinome hépatocellulaire intermédiaire ou avancé

La radio-embolisation transartérielle (RE) est une option thérapeutique pour le carcinome hépatocellulaire (CHC), dont la place reste à préciser pour les stades B ou C. Spreafico et al ont développé un score pronostique permettant de prédire la réponse à la RE chez les patients ayant un CHC avec une thrombose portale, dont la survie est de 32 mois dans le groupe favorable. Néanmoins, ce score ne prend pas en compte les données dosimétriques, connues pour être un facteur prédictif de la réponse à la RE ; et d’autre part, cette étude ne porte que sur une sous-population de patients. Les objectifs de notre étude étaient de réaliser une validation indépendante du score pronostique de Spreafico dans une population de CHC tout venant, c’est-à-dire avec ou sans envahissement vasculaire ; et d'affiner les facteurs prédictifs de l'efficacité de la RE en prenant en compte la dosimétrie pré-thérapeutique.

foie
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PATIENTS ET MÉTHODES : 
Notre cohorte monocentrique a inclus 86 patients atteints de CHC non résécables, traités par RE, de 2013 à 2020, de manière consécutive. La dose prévisionnelle tumorale d’ 90Yttrium sur la tumeur a été calculée rétrospectivement à partir des images acquises pendant le « work-up » et était considérée optimale lorsque les doses administrées à la tumeur étaient ≥ 205 Gy pour les microsphères en verre  (TheraSphere ) ou ≥100 Gy pour les microsphères en résine (SIR-Sphere), avec un bon ciblage de  la thrombose portale si présente. Le critère de jugement principal était la survie globale (SG) et le critère secondaire la survie sans progression (SSP).

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RÉSULTATS : 
Dans notre cohorte, 69 patients sont décédés au cours du suivi. La SG médiane était de 12,0 mois (IC 95 % : 9,0-15,0) et la SSP médiane était de 5,0 mois (IC 95 % : 3,5-6,5). 
La SG était respectivement de 15, 10 et 4 mois dans les trois groupes pronostiques définis par le score de Spreafico (p<0,001), qui tenait compte des trois facteurs pronostiques suivants : taux de bilirubine, extension de la thrombose porte et charge tumorale. 
Dans notre étude, trois facteurs prédictifs indépendants de la SG, ont été mis en évidence : la présence ou non d'une cirrhose, la délivrance d’une dose tumorale prévisionnelle optimale et le grade ALBI. Nous avons développé le score CODAG, issu de la somme des points attribués à ces trois facteurs prédictifs indépendants, permettant d’identifier trois groupes de patients : les bons candidats (0-1 point), les candidats intermédiaires (2 points) et les mauvais candidats (3-4 points). La SG médiane dans les trois groupes étant de 32, 11 et 4 mois (p<0,001). La médiane de la SSP était respectivement de 8, 5 et 3 mois dans les trois groupes CODAG (p<0,001). Les doses tumorales prévisionnelles et reçues étaient très bien corrélées (Rs=0,814, p<0,001).
Le score CODAG semble mieux discriminer les bons et mauvais candidats. 
 
CONCLUSION : 
Le score CODAG semble mieux discriminer les bons et mauvais candidats à la radioembolisation pour les patients atteints de carcinome hépatocellulaire de stade intermédiaire ou avancé.
Une validation multicentrique de ce score est en cours d’étude actuellement.

 

ANNEXES :

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Oreistein Ines4, Vitellius Carole1,2, Poulard Séverine3, Fontana Julien1, Fosse Pacome3, Vervueren Laurent3,  Antoine Bouvier4,  Anita Paisant2,4, Frédéric Oberti1,2, Aube Christophe2,4, Lacoeuille Franck3, Boursier Jérôme1,2
 
1. Service d’hepato-gastroenterologie et oncologie digestive, CHU d’ANGERS, Angers, France
2. Laboratoire HIFIH, SFR ICAT 4208, Université d’Angers, Angers, France 
3. Service de medecine nucléaire, CHU d’ANGERS, Angers, France
4. Service de radiologie, CHU d’ANGERS, Angers, France