Optimisation des doses de contraste au scanner monoénergétique

La pénurie récente de produits de contraste iodé, essentiellement aux USA, a remis en lumière la nécessité de la pertinence de leur injection et des modalités lors des examens scanographiques.

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L’injection ne doit être réalisée que si elle est indispensable et certains examens classiquement injectés ne le nécessitent plus y compris en pathologie oncologique, infectieuse ou vasculaire.

Les examens injectés sont à visée tissulaire ou vasculaire. Le respect des critères de qualité est indispensable. Dans tous les cas, la baisse des kV permet de diminuer la quantité d’iode injectée et la dose de RX. Cette optimisation nécessite une adaptation des réglages des scanners par les constructeurs en collaboration avec les laboratoires de produit de contraste.

Protocole oncologique et tissulaire

L’objectif est d’obtenir un rehaussement d’environ 50 UH du foie au temps portal par rapport au foie non injecté soit environ 110 UH sans stéatose. La densité splénique, plus fiable car indépendante de la stéatose hépatique doit être supérieure ou égale à 120 UH.

Le rehaussement désiré des organes détermine la quantité d’iode nécessaire. Elle dépend du poids du patient (ou mieux de la surface corporelle en cas d’obésité) et du kilovoltage utilisé pour l’acquisition (80 ou 100 Kv de préférence).

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Doses d’iode recommandées en fonction du kilovoltage utilisé, le 80 kV étant réservé aux patients de corpulence normale.

Le volume injecté dépendra de la concentration du produit de contraste 

 

Protocole vasculaire 
Le critère de qualité est un rehaussement vasculaire ≥ 300 UH. Le paramètre essentiel est la quantité d’iode délivrée par seconde (QAI)qui doit être adaptée aux kV utilisés pour l’acquisition.

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Exception : Pour les coroscans, la dose à 120 kV est de 2gI/sec

Le débit d’injection du produit de contraste est fonction de sa concentration  

Débit injection (L/sec) = Quantité d’iode injectée g/sec /Concentration du PdC (g/L)

Avec PdC = produit de contraste ; g = gramme ; L = litre ; sec = seconde. 

QAI Quantité d’administration d’iode /sec

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Les temps physiologiques d’opacification par voie veineuse (valeurs moyennes indicatives dépendent du débit cardiaque et de l’état physiologique du patient).

  • départ de l’injection à t = 0 sec
  • tronc de l’artère pulmonaire : 10-12 sec
  • ventricule gauche : 17 sec
  • aorte crosse : 20 sec
  • aorte abdominale : 30 – 35 sec
  • membres inférieurs : 40 – 45 sec
  • pour mémoire : temps portal : 70 sec, temps tardif : 3 à 5 min. 

Ces temps conditionnent la durée maximale d’injection en fonction du site anatomique désiré. Il est en effet inutile de continuer à injecter après que le vaisseau d’intérêt a été opacifié, sauf dans les protocoles combinés (temps vasculaire et portal, phléboscanner...). 

Le début d’acquisition dépend du scanner et du patient. Il est basé sur un ROI adapté ou éventuellement une injection test.

L’injection de sérum physiologique est indispensable pour « pousser » le bolus restant dans la tubulure ou stagnant dans le réseau veineux proximal. 

Situations cliniques particulières : 

  • Patients jeunes, sportifs et la femme enceinte : le débit cardiaque est plus élevé, il faut augmenter la quantité  d’administration d’iode par seconde 
  • Patient obèse : un kilovoltage élevé (120 kV voire 140 kV) peut être nécessaire, ce qui diminue le pouvoir d’opacification de l’iode nécessitant une augmentation de la quantité d’administration d’iode par seconde 
  • Patient âgé : le débit cardiaque est diminué, il faut diminuer la quantité d’iode administrée par seconde

 

Dr Philippe Coquel