Sommeil, gardes et astreintes : la bonne stratégie pour récupérer !

Dans le monde exigeant de la radiologie d'urgence, les gardes et astreintes sont une réalité inévitable. Les radiologues doivent souvent jongler entre des horaires irréguliers et la nécessité de maintenir une concentration maximale pour des diagnostics précis, ce qui peut perturber leur cycle de sommeil et, par extension, leur santé et leur performance professionnelle.

sommeil
Texte

Le sommeil, bien qu'essentiel, est souvent relégué au second plan dans la hiérarchie des priorités médicales, particulièrement dans les contextes de garde. Pourtant, la privation de sommeil a des conséquences bien documentées : réduction de la vigilance, altération du jugement clinique, des capacités exécutives, décisionnelles et de mémorisation, et même une baisse de la dextérité manuelle, autant d'éléments pouvant compromettre la qualité des soins.

La gestion du sommeil durant les périodes de garde et d'astreinte devrait donc être une préoccupation majeure pour les départements de radiologie. Des stratégies telles que l’optimisation du sommeil, la rotation des horaires, et la limitation des heures de travail consécutives peuvent être implémentées pour atténuer les effets de la fatigue.

Texte

Concernant le sommeil, plusieurs stratégies sont conseillées afin d’améliorer la vigilance pendant la garde et faciliter la récupération le jour d’après :

  1. ne pas se mettre en dette de sommeil et même augmenter son temps de sommeil 6jours avant (+30min/j) + faire une sieste avant la garde
  2.  maintenir une activité physique de stimulation pendant la garde pour aider le maintien de la vigilance
  3. s’exposer à la lumière avant la garde et pendant la première partie de la nuit, mais diminuer son intensité en deuxième partie.
  4. se cacher de la lumière du jour en sortant de la garde : lunettes de soleil sur le trajet, volets fermés pour dormir
  5. le lendemain privilégier des temps de sommeil selon des cycles d’1h30 (3h, 4h30, 6h par exemple +/- 

Des études ont montré que des siestes de courte durée (20-30 minutes) peuvent restaurer l'alerte et la performance cognitives. Ainsi, aménager des espaces de repos et des plages horaires pour des siestes programmées pourrait s'avérer bénéfique. De plus, une rotation des horaires, permettant une alternance entre les périodes de jour et de nuit, peut aider à réduire la fatigue cumulée.


La technologie, notamment l'intelligence artificielle, peut également jouer un rôle dans la gestion du sommeil. Des algorithmes de deep learning sont capables de trier les cas selon leur urgence, permettant aux radiologues de prioriser leur temps et, potentiellement, de mieux gérer leurs périodes de repos.

Les départements de radiologie devraient également envisager la mise en place de programmes de bien-être pour leur personnel, incluant des sessions de formation sur la gestion du sommeil et du stress. Des études de cohorte longitudinales pourraient être entreprises pour évaluer l'impact de ces programmes sur la santé et la performance des radiologues.

Il est temps que la gestion du sommeil soit reconnue comme un élément fondamental de la pratique radiologique en garde. En optimisant le repos des radiologues, on améliore non seulement leur bien-être mais aussi la sécurité et l'efficacité des soins aux patients.

En conclusion, la gestion du sommeil lors des gardes et astreintes est un enjeu de taille pour la radiologie d'urgence. La mise en place de stratégies de gestion du sommeil adaptées est essentielle pour préserver la santé des radiologues et assurer une prise en charge optimale des patients. L'innovation technologique et un engagement institutionnel envers le bien-être des radiologues peuvent mener à des améliorations significatives dans ce domaine.

 

Dr G. Herpe, Service de Radiologie, Unité Imagerie des Urgences, CHU Poitiers
Dr K. Guichard, Médecine du Sommeil, Clinique Bel Air, Bordeaux.