L’imagerie à l’hôpital avant la Radiographie

Le Musée de la Radiologie a reçu de la part du Dr Claire JOURDAIN (Paris, 75) un don exceptionnel par son importance et sa valeur historique. Il s’agit d’un ensemble constitué de 300 tirages photographiques de malformations chez l’enfant autour de 1900 et de 60 tirages radiographiques grand format dont plusieurs datés de 1898. Provenant du dispensaire pour les enfants pauvres Heine-Furtado (Paris 14e), aujourd’hui disparu, ce fonds illustre le recours à l’image, photographique puis radiologique, en médecine à la fin du XIXe siècle, début du XXe.
dispensaire fente labiale 1905

Fente labiale, avant après opération, 1905.

Scoliose 1896.

Scoliose 1896.

Texte

Quelques années seulement après la découverte de la photographie, les praticiens s’intéressèrent à ce nouveau procédé dont l’utilité en médecine semble essentielle.

Vers 1850, le chirurgien allemand Hermann Wolff Berend fut un des pionniers qui utilisa la photographie pour suivre l'évolution des traitements orthopédiques. 

A la même époque, le psychiatre anglais Hugh Welch Diamond est considéré comme le père de la photographie psychiatrique clinique.

En France, Duchenne de Boulogne publie dès 1862, chez J.-B. Baillière, un album de photographies pathologiques complémentaires du livre intitulé De l'électrisation localisée.

En 1866, à l’Hôpital Saint-Louis le dermatologue Alfred Louis Philippe Hardy confie à son interne et futur ophtalmologiste Arthur de Montméja, le soin de réaliser les premières iconographies photographiques à visée pédagogique.

En 1869 parait le premier numéro de la Revue photographique des hôpitaux de Paris.

Duchenne de Boulogne

Guillaume-Benjamin Duchenne déclenchant une expression de frayeur par la stimulation électrique (Wikipédia).

Texte

Jean-Martin Charcot, influencé par Duchenne de Boulogne, se tourne vers la photographie à partir du milieu des années 1870. Il charge Désiré-Magloire Bourneville, interne dans son service et photographe amateur de talent, de réaliser les premières photographies de femmes internées.

En 1882, Albert Londe rejoint le service de Charcot comme préparateur chimiste. Il met au point des techniques favorisant la prise de clichés instantanés et la prise de vue séquentielle, dans la lignée de la technique de la chronophotographie de Jules Marey et Eadwaerd Muybridge. Les photographies de patientes hystériques s’en trouvent facilitées et leurs mouvements sont mieux décomposés.
En 1884, Charcot confie à Albert Londe la direction du service photographique de sa Clinique des maladies du système nerveux.

 

Charcot patiente

Charcot en train d'examiner une patiente (vers 1875).

Texte

Après la découverte des rayons X, Londe présentera en 1896 ses premières radiographies à l’Académie des Sciences et crée le laboratoire de radiographie de la Salpêtrière, l’un des tous premier en France, qu’il dirigera jusqu’en 1904, cédant alors sa place à son préparateur Charles Infroit.

Ainsi, quelques décennies avant l’apparition de la Radiologie, des médecins soucieux d’innovation, s’était déjà emparé de technologies naissantes (photographie, électricité). Ils disposaient ainsi de connaissances qui faciliteront l’adoption des rayons X et au final participeront à l’essor de la Radiologie.

Londe

Albert Londe. La photographie médicale, application aux sciences médicales et physiologiques, 1893.

dispensaire

Dispensaire Furtado-Heine, inauguré le 12 août 1884, reconnu comme établissement d’utilité publique en 1886. Dessin de l’architecte Paul Blondel, façade principale rue Delbet.

Document Musée d'Orsay
plan

Plan du bâtiment principal. On note la présence en IX et X, la salle de radiographie et scopie installée avec des appareils de la maison Radiguet. Rapport du Jury international de l’Exposition universelle de 1900, groupe Économie sociale, Hygiène, Assistance publique.

Document CNAM