Deux épreuves radiographiques, 1896

Deux tirages radiographiques sur papier albuminé contrecollés sur carton datant de 1896. Le premier est daté avec précision du 2 février 1896, soit moins de 5 semaines après la parution publication de la thèse de Roentgen sur la découverte d’une nouvelle sorte de rayons !

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pieds1896

Il s’agit d’une radiographie symétrique des deux avants pieds. Le cliché, flou et peu contrasté, permet toutefois de mettre en évidence une flexion très prononcée des quatre derniers orteils de l’avant-pied sur la droite de cette radiographie, très ancienne, et une angulation -désaxation typique d’ un hallux valgus de la MCP du premier rayon. Un épaississement très conséquent des parties molles est noté en latéral. Pour l’avant pied à gauche sur l’image, les déformations osseuses sont nettement moins prononcées.

Le support en carton porte une mention manuscrite qui présente le plus grand intérêt :
« Nouveau mode d'exploration médico-chirugicale
Premiers résultats photoélectrographiques = méthode de Rôntgen
Procédé Oudin – Barthélémy
2 février 1896 »

Les imperfections et la qualité très moyenne de cette radiographie traduisent bien à la fois les tâtonnements et l’apprentissage de l’utilisation des rayons X ; les lignes manuscrites de l’époque témoignent d’une prise de conscience, du bouleversement et de l’immense espoir suscité par ce nouveau mode d’exploration diagnostique.

Ce document Illustre merveilleusement la rapidité avec laquelle la radiologie naissante a pris son essor en France et dans le monde. Rappelons qu’Henri Poincaré présenta le 20 janvier, à l’Académie des Sciences la 1ère radiographie réalisée par Toussaint Barthélémy et Paul Oudin ; le 12 février 1896, paraissait en France, le 1er article traitant des applications médicales des rayons X par Paul Bar.

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hanche1896rv

Le deuxième tirage présente une radiographie du bassin de face. On distingue une déformation très conséquente de l’articulation coxofémorale gauche avec luxation de l’épiphyse fémoral ainsi qu’un épaississement très conséquent des parties molles en latéral gauche.

Le support en carton porte au dos une mention manuscrite :
« Luxation congénitale
malformation de la cavité cotyloïde
1896 – pose de 12 minutes (pas assez) »

Cette annotation démontre les immenses progrès réalisés dans un délais très court grâce au travail acharné des pionniers de la radiologie. Alors qu’un temps de pose de 40 minutes était nécessaire pour radiographier un abdomen en 1896, 10 secondes suffiront en 1998 !

Ces deux radiographies ont été généreusement offertes au Musée de la Radiologie par le Dr Laurence Cholley Monnier.