Hommage au Professeur André GASTON, Ancien chef de service de Neuroradiologie, CHU Henri Mondor, Créteil

Août 1978 : après le départ de Gérard Debrun au Canada, le directeur des affaires médicales de l’Assistance Publique a demandé au Pr Claude Marsault d’exercer la moitié de ses fonctions hospitalières à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul et l’autre moitié à l’hôpital Henri Mondor, l’ancien chef de clinique de Gérard Debrun, Pierre Lacour, ayant été nommé un an plus tôt chef de service à Reims. À son arrivée, le service était un quasi désert. Mais, un miracle s’est produit en octobre 1978 avec l’arrivée des nouveaux internes : André Gaston faisait partie de la promotion. Non seulement il est resté interne un an, mais bien entendu il est revenu comme chef de clinique dans le service. À partir de ce moment-là, une collaboration intense a été initiée et de façon particulièrement fructueuse, aboutissant dans un premier temps à développer la neuroradiologie diagnostique et en obtenant en particulier un deuxième scanner à Henri-Mondor. Parallèlement, André Gaston et Claude Marsault ont continué à recevoir des patients présentant des fistules carotido-caverneuses - qui étaient traitées antérieurement par Gérard Debrun et Pierre Lacour - collaborant avec eux notamment pour optimiser l’attache et le largage des ballonnets pour traiter ces fistules. Ce fut l’initialisation d’une grande collaboration entre Reims et Henri-Mondor. C’était également le début de la neuroradiologie interventionnelle à Henri-Mondor, largement développée ultérieurement par André Gaston. À son départ pour la Pitié-Salpêtrière, le Professeur Marsault savait que le service était dans d’excellentes mains, dans les suites de la promotion universitaire d’André Gaston, et la suite de l’histoire l’a largement démontré.
Pierre Brugieres a fait la connaissance d’André Gaston au cours de son internat chez Claude Marsault et tous deux lui ont fait partager leur passion pour la neuroradiologie. André Gaston est ainsi pour Pierre Brugières l’exemple parfait du Mondorien et de la méritocratie. D’origine modeste il avait entrepris ses études de Médecine à Créteil et a connu une ascension professionnelle très rapide. Durant son internat, il s’était initié, à Lariboisière, auprès de Jean Jacques Merland et de Marie Claire Riché, à la neuro imagerie thérapeutique encore balbutiante.
Toujours à l’écoute des derniers développements de la neuroradiologie interventionnelle, André Gaston a ainsi pu mettre en valeur toutes les qualités – réflexion, imagination, habileté, persévérance, disponibilité - qui ont fait de lui un neuroradiologue interventionnel de premier plan. Il a su nouer des liens et des collaborations nationales et internationales. Il a également formé un grand nombre d’élèves qui peuvent tous témoigner de la qualité de sa réflexion dans la planification des gestes thérapeutiques et de son dévouement aux patients. André Gaston s’est également beaucoup investi dans l’imagerie diagnostique. Dans les années 80, celle-ci reposait quasi exclusivement sur la radiographie standard, la tomographie, la myélographie et l’artériographie. Afin de faire face à cette activité lourde -quatre à six artériographies et quatre à six myélographies quotidiennes, sans compter les examens réalisés au cours de la Grande Garde de neurochirurgie - André Gaston et Claude Marsault ont formé une équipe médicale et paramédicale qui est restée très soudée. Edith Valiente, Philippe Thomas Pierre Brugieres ainsi que Catherine Combes prématurément disparue et Anne Maraval, sont infiniment reconnaissants pour l’enseignement et la formation pratique dont ils ont pu bénéficier auprès d’André Gaston.
La tomodensitométrie venait à peine de faire son apparition dans les hôpitaux et le CHU Henri Mondor pouvait s’enorgueillir de posséder en 1983 le premier imageur corps entier de la région parisienne. Avec la participation de François Le Bras, et à la suite d’un énorme travail de synthèse bibliographique, André Gaston et Claude Marsault ont été à l’origine du premier livre d’imagerie du système nerveux en langue française insistant sur l’analyse sémiologique.
Parallèlement André Gaston créera avec Claude Marsault et François le Bras, le premier cours de neuroradiologie en pratique clinique. Au départ de Claude Marsault en 1989, André Gaston deviendra chef de service de Neuroradiologie. Cette nomination interviendra au moment même où un imageur 1.5T corps entier était installé à l’hôpital Henri Mondor dont il confiera la responsabilité à Pierre Brugières.
André Gaston, par la suite, participera activement et apportera tout son soutien au développement de la Neuroimagerie en IRM en œuvrant avec l’équipe d’Imagerie Médicale du CHU Henri Mondor afin d’optimiser le plateau technique qui passera de deux IRM en 2000 à cinq en 2025. Il sera pendant de longues années le responsable et le coordonnateur du DIU de Neuroradiologie qui s’est donné pour but de former de façon optimale les chefs de clinique et assistants. Faisant appel aux équipes les plus dynamiques de la spécialité, il a permis aux plus jeunes, d’être au courant des évolutions de la neuroradiologie Durant toutes ces années, André Gaston a continué à jouer un rôle essentiel dans la prise en soin des patients, dans le maintien et la consolidation des filières, en veillant à la continuité et à l’excellence des soins. Dans les dernières années de sa carrière, il s’est investi dans la cimentoplastie. C’est en particulier dans cet exercice qu’il a démontré son exceptionnelle disponibilité : tenter de traiter la douleur dans les délais les plus courts.
Toujours au service des patients, de ses collègues et de ses élèves, le Professeur Gaston incarnait avec humilité et constance la mission du médecin : transmettre son savoir-faire, partager son expérience et rester disponible, quel que soit le temps nécessaire.
Son intelligence vive, sa curiosité pour les innovations, son ouverture aux nouvelles techniques et aux nouveaux dispositifs témoignaient de son exceptionnelle capacité d’adaptation et de sa volonté de toujours faire progresser la discipline.
À cette stature professionnelle s’ajoutait une dimension humaine rare : le Professeur Gaston possédait un sens de l’humour singulier, exprimé dans des formules qui sont devenues de véritables références au sein du service. Pas un jour ne passe sans que l’une de ces phrases cultes ne soit reprise, rappelant avec sourire et tendresse la marque indélébile qu’il a laissée parmi nous.
Au-delà du cadre strictement professionnel, le Professeur Gaston entretenait avec chacun un rapport empreint de bienveillance et de sollicitude. Sans jamais être envahissant, il savait se montrer présent et attentif, apportant aide et réconfort dans les difficultés de la vie quotidienne, avec une discrétion et une humanité qui touchaient profondément ceux qui avaient la chance de travailler à ses côtés. Il se réjouissait avec fierté de voir ses successeurs et ses élèves poursuivre son œuvre, à la hauteur des ambitions qu’il avait portées tout au long de sa carrière. Avec sa disparition, nous perdons un grand médecin, un maître exigeant et bienveillant, un homme d’une humanité et d’un esprit inoubliables. Mais son héritage demeure vivant dans l’engagement de ceux qu’il a formés et inspirés. À travers cet hommage, nous exprimons toute notre reconnaissance au Professeur André Gaston et adressons à ses proches l’expression de notre profonde sympathie.
Claude Marsault, Pierre Brugieres, Frédéric Ricolfi, Sophie Gallas, Raphaël Blanc, Titien Tullier, Erwah Kalsoum, Anne Maraval