L’écoresponsabilité en radiologie : une urgence pour un avenir durable

À l’heure où le secteur de la santé est de plus en plus tourné vers la technologie, l’imagerie médicale se trouve au cœur des défis environnementaux. Si les avancées technologiques permettent d'améliorer la qualité des soins, elles n’en demeurent pas moins un fardeau pour la planète. L’empreinte carbone générée par les équipements médicaux, le stockage des données et les échanges numériques contribue de manière significative au changement climatique. Face à ce constat, l’urgence d’adopter des pratiques plus écoresponsables en radiologie devient évidente.

Les enjeux environnementaux de l’imagerie médicale

Comme dans d’autres secteurs, l’imagerie médicale consomme massivement de l’énergie et génère une grande quantité de CO2. Le numérique, qui remplace le papier, les films plastiques et les produits chimiques, semble offrir une solution durable à première vue. Cependant, derrière cette promesse se cachent des impacts environnementaux considérables. De la fabrication des équipements (ordinateurs, scanners, IRM) à leur utilisation en passant par le stockage et la gestion des données, chaque étape contribue à la pollution numérique.

Les chiffres sont alarmants : le secteur numérique représente à lui seul 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit deux fois plus que le transport aérien. En France, l’ensemble de la santé est responsable de 5,1 % des émissions nationales de CO2, dont une grande partie est liée à l’augmentation des équipements informatiques et à la gestion des données médicales. L’accumulation de données inutiles, l’archivage excessif d’images médicales et l’absence d’un système de gestion optimal amplifient cette pollution. Selon les experts, les services de radiologie, qui génèrent un flot constant de données, sont particulièrement concernés par cette problématique.

Vers une "sobriété numérique" en radiologie

Le défi n’est pas de renoncer aux avancées technologiques, mais de les utiliser de manière plus responsable. Le concept de "sobriété numérique" fait appel à une gestion plus rationnelle des équipements et des données. Dans ce contexte, plusieurs leviers peuvent être activés pour limiter l’impact environnemental de l’imagerie médicale.

1. Maîtriser la demande d’imagerie : La mise en place de protocoles clairs et d’indicateurs sur la pertinence des examens pourrait limiter les prescriptions inutiles et ainsi réduire la production d’images. Par exemple, une initiative des autorités sanitaires pourrait inclure des pénalités pour les pratiques médicales jugées non justifiées.

2. Optimiser le choix et les intitulés de séries : L'homogénéisation des noms des séries d’images, ainsi que l’adoption de protocoles d'examens plus ciblés, permettrait d'éviter la multiplication des examens inutiles. Le principe ALARA ("as low as reasonably achievable"), qui vise à limiter les doses de radiation et à optimiser les protocoles d’imagerie, est au cœur de cette démarche.

3. Limiter l’archivage des données inutiles : L’archivage excessif d’images médicales engendre une perte de temps pour les médecins et une consommation d'énergie inutile. Il est donc crucial de se concentrer sur l’essentiel tout en garantissant la qualité des soins.

4. Estimer l’empreinte carbone des services d’imagerie : La quantification de l’empreinte carbone des services d’imagerie permettra de mieux cibler les actions à entreprendre. De nombreux CHU ont déjà intégré cette démarche dans leurs projets, en quantifiant l'impact de chaque étape du parcours patient, de la prise en charge initiale à l’imagerie.

Des actions concrètes pour une radiologie plus responsable

Le secteur de la radiologie a un rôle clé à jouer dans cette transition. Des actions concrètes peuvent déjà être mises en place pour réduire l’empreinte écologique de cette discipline. Selon l’Agence numérique en Santé, plusieurs mesures simples mais efficaces peuvent être adoptées pour atteindre une "sobriété numérique". Parmi elles, la promotion des achats responsables d’équipements, l’entretien des matériels pour prolonger leur durée de vie, la réduction des impressions et l’optimisation de l’utilisation des serveurs et des ordinateurs.

D’autres actions incluent l’introduction de l’intelligence artificielle pour mieux indexer et sélectionner les données pertinentes, ce qui réduirait l’accumulation d’informations inutiles et améliorerait l’accès aux données médicales essentielles. Les solutions d’archivage et de partage de données doivent également être optimisées pour éviter les duplications et la perte d’informations cruciales.

Un avenir durable pour la radiologie

Si les défis sont nombreux, les perspectives sont également prometteuses. La transition vers une radiologie plus écoresponsable ne se fera pas sans efforts, mais elle est nécessaire pour réduire l’impact environnemental du secteur de la santé. En adoptant une approche réfléchie et en mettant en œuvre des solutions pratiques, les radiologues peuvent non seulement préserver la planète, mais aussi garantir une meilleure qualité des soins pour les générations futures.

La radiologie, un secteur à la pointe de l’innovation, a les moyens de relever ce défi écologique. Il est désormais essentiel d’agir collectivement pour intégrer l’écoresponsabilité dans la pratique quotidienne et favoriser un avenir plus durable pour la santé et la planète.